Aut’chose
Aut’chose
- Groupe (Denis D’Amour, Joe Evil, Lucien Francoeur, Mick Gauthier, Pierre Gauthier de La Vérendrye, Jacques Lalumière, Michel Langevin, Vincent Peake, Jacques Racine)
- Interprète
- Artiste québécois
Ressources web
Biographie
Peu de groupes ont atteint, au cours des ans, la stature de la formation qui gravite, de façon ponctuelle, autour du poète-rocker Lucien Francoeur depuis le milieu des années 70. Formé à une époque où le rock, alors en quarantaine au Québec, se trouve éclipsé par le courant musical néo-folk issu de la contre-culture du début de la décennie, Aut’chose oppose au retour à la terre la vie grouillante des ruelles sinon l’appel de la route. Trois décennies plus tard, le nom du groupe garde tout son sens et la nouvelle équipe réincarne ses “Chansons d’épouvante“ lors d’un spectacle au Café Campus avant de les proposer sur disque, au printemps 2005.
Une autre particularité du groupe est qu’il établit, par la force des choses, un lien de continuité entre les époques et les formes musicales. Certains orchestres des années soixante, Hou-Lops en tête, sont cités à l’occasion tandis que les musiciens actuels proviennent de générations plus récentes: Voïvod, Groovy Aardvark ou Grimskunk, trois décennies après que la formation originale ait été contemporaine des tenants d’un hard rock québécois à la façon des Offenbach ou Corbeau.
Dès son premier enregistrement “Ch’t’aime pis ch’t’en veux", paru à l’été 1974, le groupe se distingue alors de tout ce qui s’est fait dans le domaine du rock au Québec, tant par son langage particulier alliant les propos de ruelles et les grands thèmes de la mythologie moderne (Marilyn, Janis, Jim Morrison) que par son éclectisme musical. Ces deux facettes d’Aut’chose sont dues avant tout aux deux figures centrales du groupe: le parolier-écrivain Lucien Francoeur et le guitariste Pierre Gauthier de la Vérendrye. Le premier est déjà l’auteur de quelques recueils de poésie et d’aphorismes dans une veine underground rappelant les écrits des poètes beat américains ou d’un Patrick Straram. Le second, un virtuose de la guitare ayant assimilé presque toute l’histoire de la musique occidentale et qu’on allait retrouver un peu plus tard au sein de formations allant du rock progressif (Eclipse) au pop d’inspiration rétro (Le Show, anciens Super Classels). Le résultat en est un rock accessible et populaire tout en fourmillant de références à l’histoire récente d’un Québec osant revendiquer son américanité.
Formellement, ce qui distingue le plus Aut’chose demeure toutefois le choix du mode récitatif de préférence au texte chanté. Un premier 45 tours “Ch’t’aime pi ch’t’en veux" attire l’attention sur le groupe et ouvre la voie à un premier album “Prends une chance avec moé“ qui paraît quelques mois plus tard. On y retrouve divers styles musicaux, du rock au classique en passant par le western ou le style instrumental à la Jaguars. L’accueil est suffisamment encourageant pour amener la compagnie CBS à proposer un second ouvrage à l’été 1975. Cette fois, les références musicales aux années soixante sont encore plus évidentes: reprise du succès des Têtes Blanches “Blue jeans sur la plage", utilisation de la trame d’un classique des Beach Boys pour “Sexe-fiction", évocation du... sentier de la neige, tandis que les textes se font encore plus noirs dans des pièces comme “Une saison en enfer" ou “Ambulance Francoeur".
Après le départ de Pierre Gauthier, les évocations mélodiques et les reprises de chansons existantes (“Hey You Woman" de Michel Polnareff, “Comme à la radio" de Brigitte Fontaine) sont choses du passé. Toutes les plages qu’on retrouve sur “Le cauchemar américain“, sorti en 1976, sont signées Lucien Francoeur et Jacques Racine, parfois avec la participation de Jean-François St-Georges. Les clins d’oeil aux poètes (Juan Garcia, Saint-Denys Garneau, Léo Ferré) et aux artistes d’autres disciplines (John Wayne, Isadora Duncan) viennent se superposer aux icônes du rock dans “Hollywood en plywood" tandis que les références au terroir québécois se font plus présentes un peu partout: (“Les pays d’en haut", “Beau bummage", la partie reelée dans “Le p’tit gros"). Le rôle du groupe se résume de plus en plus au soutien de la démarche du poète. Ses heures sont comptées.
Les deux piliers du groupe demeurent pourtant actifs, tant sur la scène qu’en studio. Lucien Francoeur enregistre cinq albums en solo, Pierre A.Gauthier initie les groupes Eclipse et Le Show; les deux ne comptent plus les collaborations et les expériences les plus diverses. Des années plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau et le goût de refaire équipe l’emporte. Une première chanson “Maraudeur" peut être entendue à l’hiver 2001, au moment où on les retrouve en studio lors de l’émission Musicographie diffusée à la station MusiMax en février. Entourés d’une nouvelle équipe, ils découvrent que leur univers poétique est toujours bien réel et ils réalisent un nouvel album “Dans la jungle des villes“. Les fans de naguère y retrouvent les sons et les odeurs familières, la génération suivante les découvre. La présence d’Isabelle Allard, batteuse des Hou-Lops, et la participation des deux guitaristes des Jaguars sur “Rêvons ensemble" bouclent la boucle d’une certaine façon, tout comme la sixième version de “Café Rimbaud". L’album compte à nouveau une interprétation d’une icône de la chanson française avec “J’ai rêvé New York" de Yves Simon.
Ce retour s’avère cependant de courte durée. Ce ne sera qu’après un nouveau silence de quelques années, que le groupe prendra un nouvel envol lors d’une célébration intergénérationnelle, le 7 avril 2005. Retrouvant pour l’occasion son autre compère de la première heure, Jacques Racine, et réunissant une brochette de musiciens qu’on a pu entendre au sein de groupes marquants des années 80 et 90, le pionnier québécois du rock parlé y recrée la plupart des titres des trois albums d’Aut’chose entouré d’invités choisis. La magie est au rendez-vous et la nouvelle équipe procède presque en direct à la réalisation de “Chansons d’épouvante“ au cours des jours suivants. Lorsque le CD est enfin disponible, quelques semaines plus tard, les sceptiques sont confondus: on a là un album tout à fait actuel, certains textes s’avérant même plus opportuns qu’à leur sortie initiale, qu’on pense entre autres à “Hollywood en plywood" ou “Comme à radio". Au moment où se multiplient les parutions anniversaires, Aut’chose est la preuve vivante que l’on peut être intemporel sans cure de cyberrajeunissement et sans donner non plus dans la nostalgie.
C’est également ce qu’on constate à l’écoute de la rééditon intégrale des enregistrements du groupe, parue en 2014 sous le titre “Chaud comme un juke-box“, exactement 40 ans après le premier microsillon du groupe. Comme l’a déjà affirmé le poète: Les gitans reviennent toujours!
Le groupe actuel est constitué de:
- Denis D’Amour: guitare
- Joe Evil: claviers, échantillonnage
- Lucien Francoeur: voix
- Michel Langevin: batterie, percussions, FX
- Vincent Peake: basse, percussions
- Jacques Racine: guitare
À sa fondation, le groupe comprenait:
- Lucien Francoeur: voix
- Mick Gauthier: basse (1973-1976)
- Pierre Gauthier de la Vérendrye: guitare (1973-1976; 2001)
- Jacques Lalumière: batterie (1973-1975)
- Jacques Racine: guitares
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
- Isabelle Allard: batterie, percussions, tambourine (2001)
- Richard Allard: guitare (2001)
- Chris Castle: batterie (1975)
- Jean-Paul Harnois: batterie (1976-1977)
- Daniel Lapierre: orgue Hammond B3, claviers, synthétiseurs, piano, harmonica (2001)
- Guy Racine: basse (1976-1977)
- François Lebarbé: batterie (1975-1976)
- Jean-François St-Georges: claviers (1975-1977)
- Stéphane St-Germain: basse (2001)
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com
Albums
Titre | Année | Artiste(s) |
---|---|---|
Ch’t’aime pi ch’t’en veux | 1974 | Aut’chose |
Une nuit comme une autre | 1975 | Aut’chose |
Prends une chance avec moé | 1991 | Aut’chose |
Ambulance francoeur | 1975 | Aut’chose |
Nancy beaudoin | 1975 | Aut’chose |
Good vibrations / theme from the godfather | 1975 | Aut’chose |
Sexe-fiction | 1975 | Aut’chose |
Le Cauchemar américain | 1976 | Aut’chose |
Le p’tit gros / les pays d’en haut | 1976 | Aut’chose |
Chaud comme un juke box | 1977 | Aut’chose |
Encore | 1981 | Aut’chose |
Le rock-a-l’ecole / ben dans ma peau | 1982 | Aut’chose |
Dans la jungle des villes | 2001 | Aut’chose |
Chansons d’épouvante | 2005 | Aut’chose |
Chaud comme un juke-box: Aut’Chose - l’intégrale | 2014 | Aut’chose |