Lucien Francoeur

Lucien Francoeur

  • Auteur et/ou compositeur
  • Interprète
  • Artiste québécois

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Biographie

Il se fait d’abord remarquer par ses écrits dans un style compulsif, où voisinent les flashes inspirés par ses voyages et autres expériences de cette période qu’on pourrait qualifier de bohème électrique au début des années soixante-dix. Tant la forme (nombreuses citations, titres de chansons rock, slogans détournés de leur usage prévu) que les sujets abordés (route, drogue, sexe, nuit) en font un des phares de la contre-culture québécoise à la recherche de modèles qui lui soient propres. Contrairement aux gourous du retour-à-la-terre, Lucien Francoeur se fait le chantre de l’extrême urbanité. Ses premiers recueils ont pour titres des expressions tirées du quotidien, aussi peu hermétiques que 5-10-15, Snack-Bar ou Roman d’amour. Suite à la rencontre d’un alter ego musicien, Pierre Gauthier de la Vérendrye, il entreprend de mettre certains de ses textes en musique en 1973.

De cette rencontre naît le groupe Aut’chose qui publie trois albums en autant d’années. Lucien Francoeur y crée un style qui traduit en musique l’esprit de ses écrits précédents: propos incisifs, phrases choc, nombreuses références culturelles au monde du rock, à la société de consommation et aux comportements marginaux ou délinquants. Les textes-collages, qu’il récite plus qu’il ne chante, côtoient quelques interprétations d’oeuvres choisies qu’il adapte à son phrasé si caractéristique. Ses thèmes les plus récurrents réfèrent à l’oeuvre des poètes maudits, surtout Rimbaud, mais aussi Jim Morrison des Doors à qui il emprunte bientôt la mythologie du Roi-Lézard. Totalement intégré à l’univers poétique nord-américain, il cite Kérouac et Dylan mais aussi Nelligan, Paul Chamberland, Denis Vanier et Gilles Rousseau, chanteur des Hou-Lops, dont le destin évoque pour lui “...la naissance de la tragédie" dans le Québec contemporain.

En 1977, il met fin au groupe et continue de publier des livres: Les Néons las, Le Calepin d’un menteur, Neons in the Nights (traduction anglaise de quelques poèmes choisis) et Des images pour une gitane. En 1980, il devient professeur de littérature au Cegep de Rosemont tout en continuant de publier et d’enregistrer ses nouveaux textes. De cette année-là datent respectivement À propos de l’été du serpent, sorti en France chez Le Castor Astral, et l’album “Le retour de Johnny Frisson“. On y retrouve intact l’esprit qui a fasciné les fans du groupe, avec en prime une bonne dose de références aux sixties qui se fait plus prononcée que jamais: “Directement de Paris", “Les élucubrations de Johnny" (une relecture du succès du chanteur Antoine), “Cheap Lick (pour Françoise Hardy)" et une adaptation à la façon des Diamonds du poème Soir d’hiver d’Émile Nelligan, sous le titre “Nelligan". Sortie en 45 tours, cette plage réalise le défi secret que Lucien Francoeur s’était donné de «... mettre Nelligan dans les juke-box».

Suite à ce succès tangible (“Directement de Paris" et “Nelligan" sont aussi des succès radio), Lucien Francoeur retourne à l’écriture. De nouvelles chansons, bien sûr, mais surtout une vaste fresque calligraphiée réunissant l’essentiel des ses lectures et de ses réflexions personnelles sur le sacré, l’orgasme et le thème du serpent, de l’Égypte ancienne au rock’n roll, sous le titre Les Rockeurs sanctifiés. Véritable somme de son microcosme poétique, l’ouvrage lui vaut... le prix Émile-Nelligan 1983. Quand il revient à la scène et au disque, on retrouve un Francoeur chargé à bloc, qui semble voir le vedettariat et le monde musical avec un certain recul. Plusieurs titres de “Jour et nuit“ réfèrent à l’appropriation de la musique dans la vie de tous les jours comme “Miss D.J." et “Vers la radio" ou au besoin de s’identifier à des modèles: “Future star", “Tête d’affiche". La pièce “Hier le rock" tout particulièrement est un constat de l’éternel recommencement. Naturellement, c’est la plage la plus légère de tout l’album, où l’auteur s’amuse à confondre les genres, qui devient son nouveau succès radiophonique. Cet été-là, plusieurs se surprennent à murmurer “Le rap-à-billy", si bien que deux ans plus tard, sur l’album “Dernière vision“, on retrouve “Le rap-à-Shirley" qui est non seulement une réponse au disque précédent mais aussi une douce vengeance pour celui qui avait inventé un authentique rap à la québécoise une dizaine d’années plus tôt.

Conçu en tant que dernier album de son cycle discographique, “Dernière vision“ aura néanmoins une suite grâce à la collaboration qui s’établit entre Francoeur et Gerry Boulet, ce dernier lui ayant offert de réaliser ce nouveau disque. Le résultat est à la satisfaction des deux rockeurs:Les gitans reviennent toujours“ est lancé en 1987. Même si l’impact n’est pas celui espéré il permet au poète-récitant de boucler la boucle et de terminer son tour de piste sur une note plus rock, ses deux albums précédents ayant flirté passablement avec les sonorités synthétiques. Même dans le monde de la musique rock, les temps changent et notre homme en semble bien conscient, surtout dans le texte de “On achève bien les rockers". La même année, il se livre à une expérience inédite qui combine sa passion littéraire à l’aventure musicale. Sur ce plan, le projet “Café Rimbaud“ est l’une de ses réalisations les plus éclatantes: cinq compositeurs entreprennent de mettre son texte en musique, sans aucune autre indication que les paroles proposées, et de mener leur oeuvre respective jusqu’à l’enregistrement. Une fois cette phase menée à bien, les cinq versions de la chanson “Café Rimbaud" se retrouvent sur un même album, gravées à jamais dans le vinyle. Le texte y est mis en musique par Marie Bernard, Gerry Boulet, François Cousineau (interprétation par Lina Boudreau), Steve Faulkner et Michel Rivard.

Suite à cette expérience, le poète délaisse la scène pour se consacrer à une carrière plus médiatique. Il anime quelques émissions de radio et de télévision sur différentes chaînes avant de se joindre à l’équipe radiophonique régulière de CKOI. On peut même l’entendre vanter les mérites d’une chaîne de restauration rapide dans une série de jingles publicitaires. Si certains ont pu trouver l’initiative surprenante, voire choquante, de la part de celui qui a défié les tabous culturels, c’est que ceux-ci ont oublié la fascination bien connue de Lucien Francoeur pour la route et le mythe américain. Après tout, qu’y a-t-il de plus on the road qu’un truck stop ou qu’un casse-croûte où l’on sert hamburger et cola?

Après une décennie de silence côté disque, le poète-rocker retrouve son vieux complice Pierre Gauthier et le tandem décide de s’attaquer à un nouvel album d’Aut’chose qui paraît en mai 2001 sous le titre “Dans la jungle des villes“. Il collabore également aux nouveaux albums de Sendiva (Marc Arsenault, ex-animateur à CKOI) et de Martine St-Clair. L’année 2002 en est une d’importance pour le poète urbain: il célèbre ses trente ans de publication avec la parution de Chants de l’Amérique inavouable, un recueil regroupant les paroles de toutes ses chansons et quelques inédits. À l’été, la collection Écrire, chez VLB, propose une réflexion sur l’apport de Lucien Francoeur à l’écriture.

On peut visiter le site officiel de Lucien Francoeur.

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Œuvres populaires

Albums

Titre Année Artiste(s)
Marlene Lucien Francoeur
Nelligan / Fascination Lucien Francoeur
Paris rock n’ roll 1978 Lucien Francoeur
Le Retour de Johnny Frisson 1980 Lucien Francoeur
Directement de paris / chocs electriques 1981 Lucien Francoeur
Jour et nuit 1983 Lucien Francoeur
Rap-à-billy 1983 Lucien Francoeur
Dernière vision 1985 Lucien Francoeur
N.y.c. (new-york city) 1985 Lucien Francoeur
Gypsie rock 1985 Lucien Francoeur
Waikiki beach 1985 Lucien Francoeur
Les Gitans reviennent toujours 1987 Lucien Francoeur
Rock city 1987 Lucien Francoeur
On acheve bien les rockers 1987 Lucien Francoeur
M. reagan / le soleil sur la ville 1987 Lucien Francoeur
Francoeur - Aut’chose 1998 Lucien Francoeur
Avant ailleurs 2011 Lucien Francoeur, Vromb
Poète rock 2015 Lucien Francoeur