Biographie

Il est des artistes à qui l’acuité leur permet d’être en phase avec leur époque, quels que soient le contexte, les modes ou les courants. C’est le cas de cet auteur compositeur interprète qui oeuvre dans le monde de la chanson depuis près de cinq décennies déjà et qui semble doté de sept vies.

Que ce soit par ses premiers succès de chansonnier: “Les colombes", Percé", “La chanson des pissenlits", ses refrains humoristiques “1940", “Grand-père est un yéyé", ses collaborations avec des artistes aussi divers que Stéphane Venne, les Bel Canto, Serge Blouin, Nicole Martin ou Germain Gauthier, ses expériences d’animateur d’émissions télévisées (Jeunesse Oblige, Pulsion) ou sa participation à des tournées comme Il était une fois... la Boîte à chansons, Pierre Létourneau est un artiste au long cours.

Au cours des années 70 et 80, il devient plus pop avec des titres tels “Maurice Richard", “Tous les jours de la semaine", “Faut pas s’en faire avec ça", “La vie de ville". Lorsque survient l’ère de la vidéo, Létourneau choisi plutôt de prendre la route, histoire de privilégier le contact direct avec le public amateur de chanson. À partir de 1984, il fait équipe avec Claude Léveillée et Claude Gauthier pour le collectif Trois fois chantera, suivi du projet Les années guitare qui parcourt le Québec pendant une partie de la décennie 90, en compagnie de Priscilla Lapointe, Michel Robidoux et Louise Poirier.

Il diversifie son apport à la chanson en participant à des ateliers d’écriture de chansons, dans le réseau des écoles primaires, avant de renouer avec les studios pour son quinzième album “J’te dis que c’est vrai“ en 1999. L’année suivante, Pierre Létourneau a droit à sa “Rétrospective“ sur disque numérique.

Tout en continuant d’écrire, il monte un nouveau spectacle, conjointement avec Pierre Calvé, intitulé De la ville à la mer, que les deux complices créent à Québec à l’automne 2002. Cette initiative en tandem est reprise en tournée dans plusieurs villes du Québec, à plus de 65 occasions. Faisant ensuite équipe avec Jean-Guy Moreau qui révèle pour la circonstance ses talents d’illustrateur, Pierre publie un recueil de courts textes sous le titre À tort et à travers.

Avec la complicité du guitariste, compositeur et ami de longue date Michel Robidoux, du multi-instrumentiste Robert Séguin, ainsi que du réalisateur Bill Gagnon connu pour son travail avec le Ville Émard Blues Band, Pierre Létourneau propose, en mars 2006, un nouvel album de chansons inédites qu’il intitule “Heures de pointe“. Ce dernier est distribué chez Local, fer de lance de nombreux artistes en émergence. Comme à son habitude, les constats de société (“Les couloirs du métro", “Doïna", “J’aimerais bien qu’on te chante" où il professe son amour de la chanson) y voisinent les préoccupations intimes (“L’étrangère", “Je n’aime que toi").

Début 2009, l’artiste verdunois est invité par Robert Charlebois à participer en compagnie de Claude Gauthier, Pierre Calvé, Jean-Guy Moreau et des musiciens Michel Robidoux et Michel Donato au projet Il était une fois... la Boîte à chansons. Après plus de 130 représentations et un remplacement temporaire de Claude par Claire Pelletier, l’aventure prend fin avec le décès de Moreau en mai 2012.

Cette disparition imprévue et les questionnements que vit le Québec le remettent en état d’urgence et lui inspirent certaines pièces de son plus récent recueil de chansons “Foutue société“ lancé à la fin de l’été. La nécessaire nostalgie (“Souvenirs de tournée", “Patricia") n’évite pas les remises en question dans “Elle attend", “Qu’est c’qu’on a fait pour en arriver là" et la doublement ironique “Les bébé-boomers".

On peut visiter le site officiel des Pierre Létourneau.

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com