Bob Walsh

Bob Walsh

  • Auteur et/ou compositeur
  • Interprète
  • Artiste québécois
  • 1947—2016

Ressources web

Biographie

Il était une voix... un Québécois dont la filiation musicale était aussi profondément enracinée dans les boues du Mississippi que sur les berges du Saint-Laurent, sans parler de son bagage hérité de la verte Érin. Pour les habitués de la vie nocturne de la Vieille Capitale et d’un peu partout au Québec, le nom de Bob Walsh résume à lui seul presque toute l’histoire du blues local depuis la fin des années soixante. Le parcours musical du guitariste-chanteur remonte au moment où il rejoint son premier orchestre de danse du nom de Blues Boys Band et se poursuit depuis lors sous les formes les plus variées. Après un assez bref séjour au sein de ce groupe, pendant lequel il découvre sans doute les fameuses intonations vocales à la façon de «... monsieur Charles, monsieur King, monsieur Brown!», Bob amorce une carrière en solo qui s’étend maintenant sur quatre décennies, ponctuée de diverses formes de partenariat au gré des saisons, avant que le grand public daigne lui prêter attention.

Pourtant, la qualité d’interprétation et la voix même de ce bluesman pas comme les autres sont à des lieux des poncifs du genre, préférant la douceur subtile, façon Jimi Hendrix, à la projection vocale de nombreux visages pâles s’attaquant à ce répertoire. D’ailleurs, il n’hésite pas à inclure des chansons d’origines folk à ses spectacles, privilégiant l’attitude à toute définition théorique quand vient le temps de situer son blues. Pendant la majeure partie de la décennie soixante-dix, Bob Walsh hante et façonne le paysage sonore des hauts lieux du Vieux-Québec: Bar Élite et Harmonique au premier chef. Un des rares témoignages de cette période s’avère la production maison “Saspeupu“ avec Lagagnamo, enregistrée au Bar Élite justement, qui ne devait bénéficier que d’un tirage quasi-confidentiel de quelques centaines d’exemplaires et où on peut entendre sa voix sur deux pièces seulement.

Il se passe ainsi plus d’un quart de siècle où on le voit trimbaler sa guitare et ses chansons d’un bar à l’autre, d’une ville à l’autre, en compagnie d’un ou deux fidèles acolytes. Les noms de Jocelyn Picard, David Cardey, Gilles Sioui, André Devito (ancien guitariste du groupe Ungava) sont tous familiers aux fervents admirateurs du personnage. Parmi les projets musicaux auxquels le nom de Bob Walsh est associé, on peut encore mentionner le groupe Contrebande qui officie vers 1977 et précède de peu le Devito Walsh Band, que Bob forme avec André Devito à la fin des années soixante-dix.

À partir de 1980, le chanteur se produit fréquemment en duo, avec les harmonicistes Billy Craig ou Guy Bélanger notamment. Il est de l’expérience des Mardi Jam du Café Campus de Sainte-Foy, où l’on retrouve une nouvelle fois sa trace sur l’album témoin de la saison d’automne 1982, disque presque aussi confidentiel que l’enregistrement précédent. On retrouve aussi son nom au générique des films de Yves Simoneau dont il signe les thèmes musicaux: Dernier voyage (1981) et Les yeux rouges (1982). En 1986 dans Pouvoir intime, du même réalisateur, on le verra interpréter une chanson devant les caméras. Entre temps, il migre vers la Métropole au milieu de la décennie quatre-vingt. Un nouveau circuit de bars: Quai des Brumes, L’Air du Temps, Hasard, Bistro à Jojo et plusieurs autres, s’ajoute alors à sa route déjà bien remplie. Cette époque est aussi marquée par sa participation à de nouveaux festivals comme les Nuits Bleues de Québec et le Festival de Jazz de Montréal (à partir de 1986). Les visites en sol québécois de personnages comme Eddy Kirkland et Big Mama Thornton constituent pour lui des moments de rencontre forts appréciés.

En 1996, son confrère musicien Jocelyn Picard lui permet de graver un premier véritable album à son nom. Le disque paraît sur l’étiquette Blueson, propriété de celui-ci, et comprend douze pièces dont onze sont des compositions du chanteur lui-même ou de ses proches collaborateurs, telles “Cookie You", “Coffee Pot", “Jail" et “Mon calendrier". La seule interprétation du lot est “Je veux être noir" de Nino Ferrer qui remonte aux années soixante, et probablement aux premières prestations vocales du chanteur. D’ailleurs, une bonne partie du répertoire de Walsh témoigne d’une indéfectible fidélité à ses sources d’inspiration: “For What It’s Worth" de Buffalo Springfield date du début de 1967, “I’m Tired" de Savoy Brown de 1969, “Ain’t No Sunshine" de Bill Withers de 1971. Avec “I’m Ready" de B.B. King, ces chansons constituent des repères indéfectibles pour ses nombreux fans. D’ailleurs, plusieurs de ces titres ne tardent pas à se retrouver sur le prochain enregistrement “En spectacle/Live“, enregistré au Vieux Clocher à Magog, qui paraît un peu plus d’un an après son premier opus.

Cette fois, le disque est parrainé par la maison de disques Bros, qui a déjà sous son aile des artistes comme le Stephen Barry Blues Band, Danielle Martineau et d’autres musiciens orientés vers les musiques des racines. On y retrouve plusieurs de ses morceaux de bravoure dont la toute personnelle “Ma toune" et son traitement bien senti du medley “Call The Doctor/Summertime". L’harmonica y est tenu par son compère de longue date Guy Bélanger et les deux musiciens ne tardent pas à s’adjoindre le contrebassiste Jean Cyr, formant ainsi le trio de base de leurs futures aventures musicales.

C’est en plein hiver 1999, au fil d’une conversation, que surgit l’idée d’un quatuor d’harmonicas qui accompagnerait Bob dans son prochain spectacle. Jean Ouimet, gérant du chanteur-guitariste, prolonge l’idée et propose: “ Pourquoi pas un quatuor à cordes? “. L’idée fait son chemin et ce dernier contacte le violoniste Stéphane Allard et son quatuor d’instruments à cordes tout ce qu’il y a de plus classique. Dès les premières répétitions, le courant passe instantanément et le principal intéressé est le premier surpris de la limpidité des arrangements de Jean-Fernand Girard. Celui-ci travaille d’abord sur une douzaine de pièces choisies et une première série de spectacles est présentée au public en mars 1999 au Monument National, à Montréal. L’accueil est positif et d’autres représentations suivent au cours des mois suivants. Le répertoire s’élargit encore et couvre bientôt tous les refrains du vieux routier: “Cookie You", “Tes manières m’intriguent" de Jim et Bertrand que Bob avait adoptée dès sa sortie au milieu des années soixante-dix, “St-James Infirmary" etc.

Les spectacles donnés le 5 novembre à la Maison de la Culture Frontenac, à Montréal, et la semaine suivante à l’Anglicane de Lévis sont enregistrés et l’album “Bob Walsh et le Quatuor à cordes Allard“est lancé le 29 mars 2000, tout juste un an après les premières prestations. Les éloges des critiques et le bouche à oreille attirent des foules de plus en plus nombreuses et le spectacle complet est repris sur des scènes aussi prestigieuses que le Grand Théâtre de Québec ou le Théâtre Corona à Montréal. On remarque pour une première fois en couverture de l’album, une illustration signée Grant Mathieu.

C’est entouré de la même équipe qu’il entreprend de revoir à sa façon les chansons qui ont marqué ses années d’enfance, au printemps 2001. Quatorze classiques du pop et de la chanson jazzée des années cinquante y prennent la couleur des récents spectacles du chanteur avec le concours d’une section de cuivres et, bien sûr, du quatuor à cordes de Stéphane Allard. “Unforgettable Songs“ donne à entendre Bob Walsh dans ses relectures de titres aussi célèbres que “Fly Me To The Moon", “Fever", “Over The Rainbow" ou “Summertime", cette dernière en duo avec Térez Montcalm. L’expérience connaît une autre étape lorsque Bob et ses inoubliables font l’objet d’une rencontre avec les soixante-dix musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec, l’automne suivant.

Tout en amenant le spectacle tiré de “Unforgettable Songs“ sur les scènes du Gesù, du Corona, du Grand Théâtre, du Casino de Hull, du Festival d’été et un peu partout au Québec avec sa formation régulière de neuf musiciens, Bob Walsh profite de son retour en studio en septembre 2002 pour revenir au répertoire de base du blues et aux chansons qui ont fait de lui un monument de ce style musical au Québec.

C’est entouré des fidèles acolytes Jean Cyr et Guy Bélanger, auxquels se joint son équipe sur la route composée de Jean-Fernand Girard, Denis Courchesne, Bernard Deslauriers, Christian Malette, Christian Péloquin, Pierre Bélisle et Bob Stagg qu’il revêt de nouveaux arrangements, parfois dépouillés comme pour les “Stormy Monday Blues", “House Of The Rising Sun" ou plus nerveux dans les cas de “Born In Chicago" identifiée à Paul Butterfield. Le chanteur s’y mesure aussi à quelques morceaux de bravoure du R&B comme “Hold On I’m Comin" de Sam and Dave ou “Je voudrais être noir" de Nino Ferrer. Le groupe se fait parfois plus audacieux, le temps de la création “Snow Falling Grey Day" et du classique de B.B.King “The Thrill Is Gone" alors qu’une section de cuivres s’ajoute à un quatuor à cordes. “Blues“, qui paraît en octobre, quelques semaines seulement après les sessions d’enregistrements, accueille aussi d’autres guitaristes émérites comme Jeff Healey, Steve Hill, Jimmy James et Gilles Sioui. L’album lui vaut un Lys Blues, de même que le Félix de l’Artiste québécois s’étant illustré dans une autre langue que le français, à l’automne 2003.

Infatigable musicien sur scène, notre bluesman l’est tout autant quand vient le temps de se produire sur disque. Avec une moyenne d’un album par année depuis 1998, il maintient le rythme et, faisant suite à une brève apparition sur “Noël en blues“ quelques années plus tôt, il propose sa propre sélection d’interprétations personnalisées de titres saisonniers sur “Christmas“, bientôt suivi de la parution d’un “Bob Walsh Live - A Canadian Rendez-vous“ où il partage la scène, lors du Festival international de jazz de Montréal, avec Jimmy Bowskill, Martin Deschamps, Jack De Keyzer, David Gogo, Breen Leboeuf, Dawn Tyles Watson, Sylvie Desgroseilliers et le groupe Glamour Puss. Entre deux spectacles ou sessions d’enregistrement, il participe également au film Gaz Bar Blues (prévu à l’origine sous le titre Le début de la fin) de Louis Bélanger.

Prenant un peu de recul, il ajoute plusieurs titres à son répertoire avec la collaboration d’auteurs-compositeurs reconnus dont Steve Hill, Jay Sewall, David Gogo, Richard Séguin, Jean-Fernand Girard, Fredric Gary Comeau et Rob Lutes. Ceux-ci lui concoctent respectivement “I’m A Bluesman", “Just My Luck", “Y’a un blues pour chaque peine", “Emerald Wall", “Kind Of A Man" et la chanson titre de son huitième DC, lequel paraît au printemps 2007. Poussant un peu plus loin la quête des nuances, “The Only Soul“ affiche une palette sonore encore plus large, tout en conservant une unité évidente. La pochette et la couverture du livret affichent à nouveau une oeuvre de l’artiste Grant Mathieu.

On peut visiter le site officiel de Bob Walsh.

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Œuvres populaires

Albums

Titre Année Artiste(s)
Dernier voyage 1981 Bob Walsh
Les “mardis jam" du Café 1983 Les Calottes rouges, Emul Jazz, Bob Walsh
Bob Walsh 1996 Bob Walsh
En spectacle / Live 1998 Bob Walsh
Bob Walsh et le Quatuor à cordes Allard 2000 Bob Walsh
Unforgettable Songs 2001 Bob Walsh
Blues 2002 Bob Walsh
Christmas 2003 Bob Walsh
Canadian Blues Rendez-vous, A 2004 Bob Walsh
Only Soul, The 2007 Bob Walsh
Inside I’m All Blue 2010 Bob Walsh
There’s A Story Here 2012 Bob Walsh
After the Storm 2015 Bob Walsh
Collection 2018 Bob Walsh