Biographie

La pochette du récent: “Water Music“ des Violons du Roy rappelle qu’une composition musicale peut toujours susciter de nouvelles émotions, voire de nouvelles réflexions, 290 ans après sa création. Conçu à l’origine comme un divertissement royal plutôt léger, exécuté sur la Tamise, à l’occasion d’une fête nautique, l’oeuvre de Haendel réfère à un des éléments de base de la vie, élément qui devient un véritable enjeu pour l’avenir de la planète. La photo de couverture, qui a des allures de réclame d’un embouteilleur du précieux liquide, fait songer à la gravité du constat: où va le monde quand un élément de base si essentiel devient une marchandise?

De telles références séculaires ne sont pas surprenantes pour un ensemble voué à l’interprétation d’un répertoire classique. Le nom même de la formation n’a-t-il pas été emprunté à l’orchestre à cordes de la cour royale française du grand siècle? Fondés en 1984 et dirigés par Bernard Labadie, les Violons se consacrent au répertoire de musique de chambre baroque et classique, notamment celui du XVII^e siècle et du début du XVIII^e. Dès leurs débuts, ces musiciens ont vu leurs concerts diffusés sur les ondes de Radio-Canada et de la CBC, plusieurs de ces prestations étant faites en collaboration avec La Chapelle de Québec, ensemble vocal également réuni par le directeur musical Bernard Labadie l’année suivante.

Rapidement, leur renommée déborde de leur ville d’origine, Québec, et même du Canada. Une première tournée européenne les mène en Belgique en 1988, suivie d’une autre en Espagne (1990) puis à nouveau en Belgique. Un premier enregistrement, en compagnie du flûtiste belge Marc Grauwels, est dédié aux concertos pour cet instrument de Mozart. S’étant doté d’une structure permanente, l’orchestre retourne sur le Vieux Continent en 1992 et visite l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne. La même année, ils signent avec la maison de disques new-yorkaise Dorian. Un premier album avec cette firme hautement spécialisée dans l’enregistrement de musique classique voit le jour sous le titre “Simphonies des noëls“ en 1993 et se trouve en nomination pour la prochaine remise des Juno Awards dans la catégorie soliste et musique de chambre. La Ville de Québec leur décerne le Prix d’excellence de la Culture en 1994 pour la qualité de leur travail et leur rayonnement extérieur.

Les Violons du Roy ont l’honneur de participer à d’imposants événements publics au cours des ans. Ils interprètent le “Requiem" de Mozart à l’occasion des funérailles nationales de l’ancien Premier ministre québécois René Lévesque, décédé en 1987, et quatre de ses membres, formant le Quatuor Québec, présentent un concert commémorant le centième anniversaire de la naissance de Claude Champagne en novembre 1990.

Les disques des Violons du Roy traduisent leur profond respect de l’oeuvre de Jean-Sébastien Bach à qui ils consacrent cinq de leurs albums au cours des ans, soit les “Cantates profanes“ volets 1 et 2, les “Variations Glodberg“, “L’Art de la Fugue“ et le récent “Psaume 51/ Cantate 82“, sans oublier un sixième qui rappelle les nombreux talents qu’on a pu retrouver dans sa famille immédiate: “Music of Bach’s Sons“.

La renommée du groupe continue de s’étendre au cours des années quatre-vingt-dix. Il se produit au Maroc, en Espagne, entreprend de nombreuses tournées aux États-Unis et dans l’Ouest canadien. L’album “Music of Bach’s Sons“ leur vaut deux prix Allegro Music en 1997. Leurs prestations leur valent le Prix Opus du Concert de l’année pour les saisons 1996-1997 (“Magnificat" de J.S.Bach) et 1999-2000 (“La Passion selon St-Mathieu"). En décembre 1999, leur “Messie" de Georg Friedrich Händel est capté et diffusé à la radio et à la télévision de Radio-Canada. En mars 2001, l’ensemble se voit décerner le Juno de la catégorie Musique classique vocale ou chorale pour deux autres oeuvres de Händel réunies sur l’album “Apollo e Dafne“, mettant en vedette les voix de la soprano Karina Gauvin et du baryton Russell Braun. L’autre pièce de Händel, incluse à l’album, est le motet “Silete venti".

Avec la parution en septembre 2001 de “L’Art de la Fugue“, oeuvre qu’ils avaient donnée à entendre lors de l’ouverture de l’année de commémoration marquant le 250^e anniversaire de la mort de Bach, les Violons du Roy proposent une lecture moderne des quatorze contrapuncti du compositeur, le quatorzième étant complété par Bernard Labadie d’après les travaux de Davitt Moroney, suivis de variantes sur la “Fugue" finale, à deux claviers. Le même mois, malgré le choc des événements qui frappent la métropole américaine, Les Violons du Roy se rendent à New York comme prévu, y présenter le programme choisi un an plus tôt soit la “Messe Nelson" de Haydn et le “Requiem" de Mozart tel que révisé et complété par Robert D.Levin. Ces oeuvres sont présentées au Troy Savings Bank Music Hall, au Lincoln Center et à Montclair, New Jersey. Le spectacle donné à Troy, le 20 septembre 2001, fait l’objet de l’album “Mozart - Requiem“ un an plus tard.

L’oeuvre qui avait déjà valu aux Violons du Roy l’un de ses trois Prix Opus pour la saison 2000-2001, à titre de Concert de l’année, se mérite le Juno du Meilleur disque classique, musique vocale ou chorale en 2003. La parution de ce onzième enregistrement de l’ensemble est suivie de nouvelles tournées, en Équateur, aux États-Unis et en Europe. Parallèlement à son travail avec Les Violons du Roy, Bernard Labadie a dirigé de nombreux orchestres symphoniques au Canada et aux États-Unis. Directeur artistique et musical de l’Opéra de Québec de 1994 à 2002, il occupe les mêmes fonctions à l’Opéra de Montréal depuis avril 2002 tout en continuant d’assurer la direction artistique des Violons, tandis que le chef Jean-Marie Zeitouni occupe la fonction de Chef associé après avoir été pendant trois ans Chef en résidence.

Après de nombreuses tentatives, le projet d’une Maison de la musique à Québec, à laquelle les Violons du Roy sont étroitement liés se concrétise avec les travaux de rénovation du Palais Montcalm entrepris à l’été 2004 et terminés à l’hiver 2007. Quelques mois plus tôt, dans le cadre enchanteur du Domaine Forget, on procédait à l’enregistrement de ce qui allait être leur album anniversaire, marquant vingt ans de carrière. “Bach: Psaume 51/ Cantate 82“ regroupe un hommage du célèbre musicien allemand ainsi que le “Stabat Mater" de Pergolesi et une cantate pour flûte traversière, qui paraît à l’automne 2004 sur étiquette Atma classique. Les deux années suivantes sont aussi marquées de nouvelles tournées: Etats-Unis, Mexique, Europe, Canada. La Chapelle de Québec se produit avec le Los Angeles Philarmonic au Disney Hall, en décembre 2004. De nouveaux Opus viennent souligner le travail du groupe. Bernard Labadie est personnellement décoré de la médaille La Gloire de l’Escole de l’Université Laval, puis nommé chevalier de l’Ordre national du Québec.

En juillet 2005, les Violons du Roy ont l’occasion de côtoyer, pour une occasion unique, le sextuor de jazz du batteur Bernard Primeau, sur la scène de la mythique scène du Gesù, à Montréal. L’enregistrement du spectacle allait malheureusement s’avérer le dernier album du jazzman montréalais: “Live au Gesù - Rencontre Jazz et Classique“. Parallèlemnt, paraissent “Vivica Genaux - Airs de Handel et Hasse“ et un “Piazzolla“ qui est à sont tour couronné d’un Juno.

Une tournée du “Requiem" avec les solistes Hélène Guillemette, Michèle Losier, Colin Balzer et John Fanning, de même qu’un concert autour du “Stabat Mater" réunissant Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux sont particulièrement remarqués. L’enregistrement vidéo de ce dernier événement, diffusé à la télévision, se mérite le Gémeau pour la direction photo et l’éclairage. L’année 2007 est celle du retour au Palais Montcalm, fraîchement rénové. Le premier concert donné par les Violons et la Chapelle de Québec dans la nouvelle Salle Raoul-Jobin, “Israel In Egypt" en mars, est suivi en juin de “Water Music". Les représentations sont enregistrées et paraissent à leur tour chez Atma Classique, au mois d’octobre suivant.

Le groupe est constitué des musiciens permanents:

• Bernard Labadie: directeur artistique et musical
• Jean-Marie Zeitouni: chef associé
• Marie-Andrée Benny: flûte
• Sylvain Bergeron: théorbe, guitare baroque
• Jean-Louis Blouin: alto*
• Noëlla Bouchard: violon*
• Danièle Bourget: flûte
• Raphael Dubé: violoncelle*
• Angélique Duguay: violon*
• Pascale Gagnon: violon*
• Pascale Giguère: violon*
• Annie Guénette: violon
• Erin Helyard: orgue
• Maud Langlois: violon*
• Benoît Loiselle: violoncelle*
• Raphaël McNabney: contrebasse*
• Annie Morrier: alto*
• Richard Paré: clavecin, orgue*
• Giovanni Pasini: alto
• Jean-Luc Plourde: alto
• Michelle Seto: violon*
• Nicole Trotier: violon*
• Véronique Vychytil: violon*

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

• Carla Antoun: violoncelle
• François Aubin: tambours
• Geneviève Beaudry: violon
• Marieve Bock: violoncelle
• Pierre-Alain Bouvrette: violoncelle
• Marie-Anick Caron: alto
• Yannik Chênevert: contrebasse
• Isabelle Fortier: harpe
• Nathalie Giguère: violoncelle
• Dominic Girard: contrebasse
• Esther Gonthier: célesta, piano
• Hibiki Kobayashi: violon
• Elvira Misbakhova: alto
• Brett Molzan: violon
• Ryan Molzan: violoncelle
• Eric Paetkau: alto
• Sylvain Murray: violoncelle
• Réjean Poirier: orgue
• Karine Rousseau: alto
• Robert Slapcoff: claviers
• Hugues Tremblay: timbales
• François Zeitouni: piano

On peut visiter le site officiel des Violons du Roy.

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com