Jocelyn Bérubé

Jocelyn Bérubé

  • Auteur et/ou compositeur
  • Interprète
  • Artiste québécois
  • 1946

Ressources web

Biographie

Il est des personnages qu’on peut difficilement oublier une fois qu’on les a aperçus ou entendus, ne serait-ce qu’une seule fois. Jocelyn Bérubé est de ceux-là. Dans son cas, si sa silhouette ou celle de ses personnages plus grands que nature attire immanquablement l’attention, c’est surtout son art de raconteur, doublé d’un sens musical inné, qui en font un cas à part. Son parcours qui l’a mené de la scène au cinéma en passant par la radio et la télévision, depuis quatre décennies, n’a jamais réussi à le détourner de son amour de la musique.

Il fréquente d’abord les Jeunesses musicales du Canada et effectue un stage au Mont Orford avant de s’inscrire au Conservatoire d’art dramatique de Montréal où il rencontre ses futurs camarades du Grand Cirque Ordinaire. Cette expérience multidisciplinaire de tous les possibles laisse quelques traces tangibles mais allume surtout beaucoup de rêves. Citons, à partir de l’automne 1969, les spectacles T’es pas tannée Jeanne D’Arc?, La famille transparente, T’en rappelles-tu, Pibrac?, les films Montréal Blues et Le Grand film ordinaire mais surtout l’ultime création collective contre-culturelle La tragédie américaine de l’enfant prodigue en 1975.

Un disque vinyle “Le Grand Cirque Ordinaire“ préservera plusieurs chansons extraites de ce dernier spectacle, en équilibre entre théâtre, comédie musicale, voyage initiatique et cirque, justement. Quelques noms que l’on retrouve sur cet unique album où Jocelyn s’illustre dans la singulière “Suite pour un truchement": Raymond Cloutier, Gilbert Sicotte, Paule Baillargeon, Claude Laroche, Pierre Curzi et plusieurs autres dont Michel Hinton qui rejoindra un peu plus tard Beau Dommage. Une phrase de la “Suite", récitée par son camarade Cloutier, résume assez bien cette épopée: «Ce faux passeport qu’il faut brûler renferme toutes nos révoltes promises».

Une fois éclatée la cellule du groupe, certains des membres de la tribu du GCO retourneront à un relatif anonymat mais plusieurs vont s’illustrer dans diverses formes de création. Pour Jocelyn, le tandem parole & musique se traduit par le conte musical plutôt que par la chanson. Sa formation de comédien lui vaut des apparitions dans les films Gina et J-A Martin photographe, notamment.

Avant même de participer à une dernière production impliquant des comédiens du Grand Cirque Ordinaire, Les fiancés de Rose Latulippe, le violoneux-conteur entreprend une première aventure en solo, soit l’enregistrement de l’album “Nil en ville“. Secondé par ses collègues Louis Baillargeon et Michel Hinton, il recrute, entre deux spectacles du groupe Octobre, Mario Légaré, Pierre Hébert et Pierre Flynn et enregistre ce qui peut sembler un album-thérapie. Flynn agira également à titre de réalisateur.

Nil en ville“ est avant tout un cri de mémoire suite à la fermeture de villages gaspésiens quelques années plus tôt, dont Saint-Nil où l’artiste a vécu les treize premières années de sa vie. Le sujet est abordé sur un mode revendicateur plutôt que nostalgique, sur différentes pièces du microsillon paru à l’automne 1976. C’est tout l’album qui reflète cette déchirure, doublée d’un élan d’affirmation, que ce soit l’autobiographique “Nil en ville", “Le rêve de sa vie" ou surtout “L’oiseau couleur du temps" qui demeure une oeuvre de référence trente ans plus tard.

En plus de son propre spectacle qu’il promène à travers le Québec, l’Ontario et l’Ouest canadien, Jocelyn participe à de nombreux événements, films, spectacles de danse et théâtraux. Il touche la trompette sur un 45 tours de Paul et Paul, se joint aux poètes Gaston Miron, Gilbert Langevin, Paul Chamberland et Yves-Gabriel Brunet pour l’événement Y’a tellement tant d’espoir, en compagnie d’un autre violoneux underground Dominique Tremblay. On retrouve sa musique sur les bandes sonores de films de l’ONF et d’émissions de télé, on le voit à Appelez-moi Lise, à L’Ami (Jacques) Boulanger, à Michel Jasmin.

Entouré de plusieurs collaborateurs de sa première équipe, notamment Pierre Flynn à la réalisation, Jocelyn Bérubé propose un second album intitulé “La bonne aventure“ en 1980. Plus encore que sur son premier enregistrement, les références folkloriques s’y mêlent à un passé plus récent, également menacé d’être relégué aux oubliettes: les premières émissions de Pépinot et Capucine, rock around the clutch, le spoutnik, la «porte d’aluminium avec un palmier en plastique» parsèment les propos de “La bonne aventure", “Oiseau-Tonnerre", “Le sauvage perdu" et “Tuyau Grand-Champs". L’album n’a malheureusement pas le temps de rejoindre son public, la distribution étant perturbée par les difficultés financières de la maison de disques qui souffrira comme tout le milieu musical d’une baisse d’intérêt, dans la déprime suivant les résultats du référendum de 1980 sur la souveraineté du Québec.

C’est surtout comme comédien que le nom de Jocelyn Bérubé se fera connaître au cours des années qui suivent. Il tient le rôle principal dans le film de Micheline Lanctôt L’homme à tout faire où sa photo orne l’affiche mais aussi la couverture du 33 tours “L’homme à tout faire“. Son unique contribution musicale, la pièce “L’hirondelle légère", s’y mêle aux thèmes instrumentaux de François Lanctôt et à la chanson “Ti-Mand tout faire" de Gilles Vigneault. On peut aussi le voir et l’entendre dans Bonheur d’occasion, Les Fous de Bassan, La fille du maquignon.

Parallèlement, il tient divers rôles dans des téléromans ou séries télévisées comme Les fils de la liberté, Les tisserands du pouvoir, Alphonse Desjardins, Le temps d’une paix, L’héritage, Marylin. Vers la fin de la décennie quatre-vingt et surtout à partir de 1990, à la faveur d’un regain d’intérêt pour le patrimoine et les musiques traditionnelles, le conte reprend une place de choix dans son parcours. En 1992, il participe aux États généraux du Patrimoine Vivant, se produit dans le cadre des célébrations du 350e anniversaire de la ville de Montréal et est président d’honneur du Carrefour mondial de l’accordéon de Montmagny. L’année suivante, il participe à La Grande rencontre et au premier Festival international du conte de Montréal. Des événements dont il deviendra un participant régulier. Écoles, Maisons de la culture, musées et festivals font également appel à ses talents.

Certains des contes de Jocelyn Bérubé ont été publiés dans des recueils et anthologies, notamment trois traductions par Dan Yashinsky chez Toronto Rag Weed Press, incluant “L’oiseau couleur du temps" sous le titre “The Bird Colour-of-Time". Lui-même a publié le livre-disque “Portrait en blues de travail“ où l’on retrouve divers contes et des pièces instrumentales telles que “Reel d’Alexis le trotteur" ou “Valse des îles-de-la-Madeleine", aux éditions Planète rebelle, en 2003. Au moment d’entreprendre une nouvelle tournée d’envergure, Jocelyn réunit plusieurs titres de ses deux albums en solo sur support DC, sous le titre “Le retour de Nil“. Ces pièces que l’on pourrait qualifier de classiques underground traditionnel permettent alors à un public qui ne peut retrouver ses disques sous format numérique, tout comme à d’autres générations de spectateurs qui ignorent jusqu’à l’existence de ces enregistrements, d’accéder à une partie de son répertoire, à l’été 2007.

On peut visiter le site officiel de Jocelyn Bérubé.

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Œuvres populaires

Albums

Titre Année Artiste(s)
Nil en ville 1976 Jocelyn Bérubé
La Bonne aventure 1980 Jocelyn Bérubé
Le Retour de Nil 2007 Jocelyn Bérubé