Les Lutins

Les Lutins

Ressources web

Biographie

Bien qu’ils se soient réunis sensiblement au même moment que de nombreux autres combos adolescents des années soixante, les Lutins ne se font remarquer du grand public qu’au début de l’année 1967. La raison en est relativement compréhensible: leur très jeune âge et l’expérience qu’il leur reste encore à acquérir. Déjà, alors que les membres du groupe n’ont que onze ou douze ans, on peut les voir participer à un événement d’envergure, en décembre 1964 plus précisément. Ils ont alors l’occasion de côtoyer des formations comme les Aristocrates, leurs concitoyens du Liverpool québécois (St-Hyacinthe), les Têtes Blanches tout juste de retour d’un premier voyage en Europe, les Ingénues, les Mersey’s ou les Mykels dans le cadre d’un radiothon organisé par la station de radio CHRS, surnommée Radio-Soleil car elle devait cesser d’émettre lorsque la nuit s’installait.

L’été suivant, ils se méritent le grand prix lors d’un gigantesque jamboree d’orchestre organisé à Valleyfield et auquel participent trente-six groupes de tous les coins du Québec. Celui-ci consiste en la possibilité d’enregistrer un 45 tours pour le compte d’un des commanditaires de l’événement, la maison de disques Laval Records. L’enregistrement n’a pas l’impact espéré et ce n’est qu’un peu moins de deux ans plus tard que la chance leur sourit.

Cette fois, ils ont développé un style qui les démarque des dizaines d’autres groupes et, détail non négligeable, ils présentent un répertoire de leur cru, majoritairement composé par les membres du groupe, bien que dans un style fort rapproché de la nouvelle vague “ mod britannique: Who, Kinks, Spencer Davis Group, etc. Roger Vallée, propriétaire des maisons de disques Tournesol et Passe-temps n’hésite pas à lancer une toute nouvelle étiquette pour marquer leur premier effort. Les chansons “Je cherche" et “Elle n’a rien compris" paraissent donc sur Carrousel et portent le matricule CR-1.

De retour d’un séjour professionnel à New York, Nicole Blanchard, soeur d’Alain le bassiste du groupe, entreprend de devenir leur manager et de développer leur carrière. Son plan: un nouveau 45 tours tous les trois mois, ou presque. Les deux premiers titres gravissent encore les divers palmarès, souvent à tour de rôle, et gardent le nom des Lutins aux premiers rangs. Ils y sont encore lorsque paraît un nouveau doublé réunissant cette fois “Dany", composition du producteur Pierre Laurendeau dédiée à la chanteuse Dany Aubé, et “Laissez-nous vivre" une chanson revendicative de Simon Brouillard et Serge Lambert, à la façon des nombreux jeunes yé-yé désireux de se démarquer des générations précédentes.

Maintenant ce rythme de création d’enfer, ils proposent deux nouvelles chansons quelques semaines à peine avant la sortie d’un premier microsillon, début novembre. 45 tours et album sont à nouveau parmi les favoris des jeunes fans et en font de sérieux candidats au titre de Groupe populaire de l’année, ce qui sera éventuellement confirmé au Festival du disque, quelques mois plus tard. Devenus un des groupes les plus en demande, il leur reste moins de temps à consacrer à la création et c’est avec joie qu’ils acceptent la collaboration de Jacques Michel, qui a composé une pièce à leur intention.

Dépassant toute espérance, “Monsieur le robot" s’avère le plus grand succès du groupe, suivi d’une autre fantaisie, inspirée d’une émission de dessins animés jeune public: “Roquet Belles Oreilles". Pendant ce temps, le groupe fait le tour de la Belle Province avec la véritable tribu musicale qu’est le Musicorama estival. Élaborée sur le modèle des caravanes rock’n roll des années 50, cette tournée annuelle mise de l’avant par la station de radio CJMS visite un nombre impressionnant de villes ou villages et permet à des populations lointaines d’accueillir un bouquet de vedettes de la chanson populaire, dont la plupart connaissent ou ont récemment connu un succès au palmarès. Lors de l’édition 1968 de l’événement, les Lutins sont entourés de Renée Martel, Dany Aubé, Patrick Zabé, Karo, Stéphane, les Jades et les Hou-Lops.

Les jeunes vedettes ne s’assoient pas pour autant sur leurs lauriers. Désirant toujours renouveler leur répertoire, ils accouchent presque en même temps d’un nouveau 45 tours et d’un second album “Les Lutins en orbite“ où les mélomanes les plus avertis remarquent les couleurs inédites d’un nouveau musicien: Richard Guillemette, ancien guitariste des Intendants, qui s’intéresse déjà aux sonorités des nouveaux géants de la musique que sont le Jimi Hendrix Experience ou le trio Cream. Des pièces comme “Girl" et “Les yeux fermés" en sont les hauts faits et demeurent, plus de trente ans plus tard, parmi les choix préférés des adeptes de rock garage à la québécoise.

Mais juste au moment où le groupe semble avoir acquis encore plus de solidité sur le plan musical, la nouvelle éclate. Comme bien d’autres à l’époque, le chanteur Simon envisage à son tour une carrière en solo et décide qu’il quittera bientôt le groupe. C’est chose faite avant la fin de l’année et ce sera en tant que quatuor que les Luths, comme ceux-ci se rebaptisent peu de temps après, entreprennent l’année 1969. Ce sera leur dernière. Deux 45 tours sont encore réalisés, sous les auspices d’un autre groupe réputé, les Bel-Air et leur étiquette Disco Bel-Air, mais rien n’est plus comme avant. Les Luths durent à peine un an. De son côté, leur ancien chanteur réussit tout juste à franchir la nouvelle décennie. Quatre ans d’apprentissage et deux ans de gloire: l’histoire des Lutins aura été aussi rapide qu’intense.

Le groupe était constitué de:

  • Alain Blanchard: basse (1964-1969)

  • Simon Brouillard: voix

  • Normand Brouillard: batterie

  • Serge Lambert: guitare

  • Richard Guillemette: guitare (1968-1969)

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

  • Luc Dozois: batterie (1963-1964)

  • André Richard: guitare (1963-1965)

  • Yvan Saint-Onge: guitare (1965-1968)

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Œuvres populaires

Albums

Titre Année Artiste(s)
Rocket belles oreilles Les Lutins
Les titres d’or Les Lutins
Trop jeune pour aimer 1965 Les Lutins
Les Lutins 1967 Les Lutins
Je suis de bois 1967 Les Lutins
Laissez-nous vivre 1967 Les Lutins
Je cherche 1967 Les Lutins
Les Lutins en orbite 1968 Les Lutins
Monsieur le robot 1968 Les Lutins
Roquet belles oreilles 1968 Les Lutins
A t’on le droit 1968 Les Lutins
Elle / demain ca ira 1968 Les Lutins
Smokey dog 1969 Les Lutins
A motocyclette 1969 Les Lutins
Ma petite sorciere 1969 Les Lutins
Laissez-nous vivre 2001 Les Lutins
Le Top 30 - Simon et les Lutins 2010 Les Lutins
Freak (onemix edit) / la junglomanie 2016 Les Lutins, Tapper Zukie