Loco Locass
Loco Locass
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Biographie
Si on ne mesure pas la valeur d’un homme au nombre des années, on ne peut pas non plus mesurer l’impact d’un groupe à la quantité de ses parutions, que celles-ci soient sur disques ou autrement. Dans le cas de Loco Locass, bien que le groupe ait fait paraître seulement trois albums en une douzaine d’années, on peut dire sans se tromper qu’il s’agit d’une des forces vives du renouvellement de la chanson québécoise.
Bien que le mouvement hip hop ait pris racine au Québec dans les années 90, avec des formations comme Dubmatique, Muzion ou La Constellation, cette forme musicale allait se positionner avantageusement avec le concours du trio Loco Locass. Outre la vigueur du style musical, ceux-ci se démarquent à la fois comme groupe politiquement engagé et comme d’ardents partisans de la langue française sous ses divers aspects. Leur premier album “Manifestif“, autoproduit comme de raison, est suivi de peu par un le recueil de textes du même titre.
Les membres du groupe n’en étaient cependant pas à leur premier geste d’affirmation et d’intérêt envers la langue du Québec. S’étant d’abord intéressés à la radio, Biz et Snou (futur Batlam) découvrent les joies de la manipulation sonore dans un studio de Québec au milieu des années 90. Les deux amis livrent bientôt leurs premières performances sous le nom des Locos Loquaces à l’automne 1996 avant de rencontrer leur troisième complice deux ans plus tard. Celui-ci est un adepte de l’échantillonnage qui se fait alors appeler Le Honze. Le trio est invité à se faire entendre entre deux spectacles du groupe Mes Aïeux, eux aussi à leurs débuts, et en profite pour proclamer «J’ai mal à ma langue» qui deviendra le texte “Malamalangue".
Grand remue-ménage orthographique: en novembre 1998, Le Honze se rebaptise Chafiik et Les Locos Loquaces ne tardent pas à devenir Loco Locass avant de participer au concours Révélation Hip-Hop 99 en mars. La présence de trois jeunes blancs-becs, coiffés de bonnets en forme de fleur-de-lys a de quoi surprendre. L’été suivant, lors de l’enregistrement d’une pièce pour la compilation “Révélation Hip-Hop“, Snou devient définitivement Batlam. Le trio participe aux FrancoFolies pour une première fois.
Au cours de l’automne, Loco Locass s’affaire à la réalisation de son premier album puis monte une équipe de musiciens qui les accompagnera sur la route. En février, le groupe remporte le concours Les Francouvertes devant les Cowboys Fringants! Après avoir fait paraître les textes de “Manifestif“ aux Éditions Coronet Liv, avec préface de Pierre Falardeau, Loco Locass voient leur album relancé sur étiquette Audiogram.
Si la critique a commencé à s’émouvoir de la qualité de leur production et de la pertinence de leurs textes tout au long de l’année 2000, 2001 sera l’année où Loco Locass s’impose définitivement: spectacle à guichet fermé au Club Soda,
deux MIMI au gala de l’Initiative musicale internationale de Montréal dont un pour la pièce “Sheila, ch’us là" en mars, attribution du Prix de la Fondation Félix-Leclerc à l’occasion des FrancoFolies de Montréal en août, deux Félix sur cinq nominations en octobre: à titre de Meilleur album hip-hop et pour la Meilleure sonorisation de spectacle, sans oublier une escapade à Paris et l’inclusion de la chanson “I représente rien pantoute" au film L’Ange de goudron de Denis Chouinard. Lors d’une soirée en hommage à Jean-Paul Riopelle, au Musée national des beaux-arts du Québec, dans la nuit du 19 octobre 2001, le trio crée “L’hommage à Rio" qui sera repris quelques mois plus tard à l’occasion des funérailles nationales du peintre.
Si le groupe se préoccupe avant tout de la langue (des textes de Manifestif sont présentés aux États généraux sur la langue française), les autres aspects de la politique et les politiciens eux-mêmes sont bien souvent la cible de leur poésie rythmée: après “Sheila, ch’us là", ce sera au tour de “Super Mario" en pleine campagne électorale québécoise au printemps 2003 puis, après quelques mois du nouveau régime, “Libérez-nous des libéraux". Entretemps, Loco Locass se profile dans le monde interactif avec un CD-ROM intitulé “In vivo“, premier prix Boomerang de communication interactive puis double lauréat au New York interactive festival.
Repoussant les frontières du genre musical, les rappers s’adjoignent des sonorités d’horizons classiques (violon, cor français et bugle dans “La censure pour l’échafaud", musique de Tchaikovsky pour “La survenante"), médiévaux (voix des Charbonniers de l’Enfer dans la très contemporaine “Bataille des murailles") ou mauresque (“Maison et idéal", “Engouement") pour leur nouvel album “Amour oral“ à l’automne 2004.
En juin 2005, ils se joignent à leurs amis des Cowboys Fringants à l’occasion d’une célébration alternative de la Fête nationale du Québec. En août, Loco Locass sont les invités du Camp Musical Saint-Alexandre avec qui ils présentent cinq de leurs pièces en version sympĥonique. Les élèves du camp y ajoutent des pièces musicales de compositeurs comme Prokofiev et Berlioz. La même année, paraît le livre Poids plume qui réunit les textes de leurs 2e et 3e album ainsi que diverses photos et illustrations, signées respectivement de Marie-Lyne Baril et Alain Reno. Quelques jours plus tôt, “Amour oral“ s’est mérité deux Félix a Gala de l’ADISQ et sa pochette est primée au concours Grafika.
L’expérience du Camp Saint-Alexandre, qui est l’objet du documentaire Symphonie Locass des cinéastes Martine Asselin et Marco Dubé de l’ONF, est présentée en tournée, notamment en ouverture des FrancoFolies 2007. Alors même que le groupe travaille à produire son quatrième album, Sébastien Ricard (alias Batlam) est choisi pour incarner Dédé Fortin dans le film consacré à la figure de proue des Colocs, Dédé à travers les brumes. Le groupe au complet participe ensuite au spectacle en hommage à Dédé Poussière d’étoile, dans le cadre des FrancoFolies 2009, à Montréal.
Toujours aussi avertis de la réalité publique, les membres de Loco Locass et la metteure en scène Brigitte Hantjens initient une commémoration par la parole de la bataille des Plaines d’Abraham, qui prend la forme d’un marathon textuel de 24 heures, les 12 et 13 septembre 2009. L’événement intitulé Le Moulin à paroles se veut le reflet des 250 années écoulées depuis 1759, du point de vue québécois.
Le groupe est constitué de:
- Batlam (Sébastien Ricard): voix
- Biz (Sébastien Fréchette): voix
- Chafiik (Mathieu Farhoud-Dionne): voix, platines, multiples instruments
Le groupe a été accompagné des musiciens suivants:
- Bilbo André: guitare (2000-2002)
- Charles A. Imbeau Tromblon: trompette, tambourine, claviers
- Alexis Mesier: guitare (depuis 2002)
- Jean-Sébastien Nicol: batterie, échantillonnage
- Jean-Philippe Pelletier: basse
On peut visiter le site officiel de Loco Locass.
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com
Œuvres populaires
Albums
Titre | Année | Artiste(s) |
---|---|---|
Manifestif | 2000 | Loco Locass |
Sheila, ch’us là | 2000 | Loco Locass |
In vivo | 2003 | Loco Locass |
Amour oral | 2004 | Loco Locass |
Bonzaïon | 2005 | Loco Locass |
Symphonie locass | 2007 | Loco Locass |
Le but | 2009 | Loco Locass |
Le Québec est mort, vive le Québec! | 2012 | Loco Locass |
Le clan | 2016 | Loco Locass |