Margot Lefebvre
Margot Lefebvre
- Interprète
- Artiste québécoise
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Biographie
La réédition sur DC de la majeure partie du répertoire de Margot Lefebvre est une occasion unique pour les mélomanes friands du style lounge de redécouvrir ce qui s’est fait de mieux dans cette forme musicale au Québec. Formée à l’école du music-hall, la jeune chanteuse participe à divers concours sur les ondes radiophoniques à CKVL dès la fin des années quarante. Elle s’y fait remarquer par ses interprétations chaleureuses et son allure classique. Un peu plus tard, c’est à la télévision qu’elle s’impose, au milieu des années cinquante, alors qu’elle est invitée à plusieurs reprises à la station de la CBC à Toronto. Elle grave ses premières chansons “Dieu seul", “Sarah", “Je cours la chance" sur étiquette Apex à partir de 1958.
Elle a déjà acquis un professionnalisme hors pair quand on l’invite à se produire à l’émission musicale Le Club des Autographes, à l’antenne française de Radio-Canada, en 1960. Margot chante alors en tandem avec Fernand Gignac, alternant avec deux autres jeunes vedettes de la génération montante: Pière Sénécal et Ginette Sage. Enregistrant maintenant pour la maison Sélect, ses chansons “Bons baisers, à bientôt" et “Ton amour me va bien" ne tardent pas à retenir l’attention des mélomanes mais c’est son interprétation bien sentie quoique très sobre de “La Madone", chanson finaliste au Concours de la chanson canadienne et composée par Lucien Hétu, qui lui vaut son premier succès d’importance au palmarès. Tout en brillant dans le répertoire adulte, elle se hasarde à la même époque sur les nouveaux sentiers qui interpellent la jeunesse québécoise: “Toi tu causes" et “Sur un couteau", incluses à son premier album en avril 1962, nous entraînent respectivement dans les univers fort distincts du twist et de la poésie noire.
Presque un an plus tard, au printemps 1963, Margot Lefebvre s’impose comme vedette à part entière avec “C’est la faute au bossa nova", un adaptation du méga-succès américain de Eydie Gorme. Grâce à cette mélodie dansante on la compte désormais parmi les jeunes vedettes yé-yé, bien qu’elle approche alors la trentaine. Elle ne délaisse pas le répertoire standard pour autant, puisqu’on retrouve la magnifique ballade “Adieu" en face B du même 45 tours. Cette ambivalence lui permettra d’occuper, pendant près de dix ans, une position enviable dans le milieu des artistes populaires, ses disques rejoignant à la fois le public jeune, assoiffé de rythmes, et les adultes qui sont attirés par la retenue dont la chanteuse fait preuve, tant dans son allure vestimentaire que dans le choix de son répertoire. Ses prochains succès se répartissent d’ailleurs entre les chansons plus sentimentales telles “Si l’amour", “Chacun garde dans son coeur" et certains succès dansants comme “Dis-moi je t’adore" ou “J’ai le coeur qui danse".
En 1965, elle est élue Miss Radio-Télévision à l’occasion de la deuxième édition du Gala des artistes, ce qui lui vaut de partager la vedette d’un microsillon à tirage limité avec le lauréat masculin du même concours, Michel Louvain. “Gala 65 avec Margot et Michel“ regroupe six enregistrements inédits de chacune des vedettes. Margot y reprend la chanson de Jean-Pierre Ferland “Feuille de gui", les standards “Amour excuse-moi" (Amore scusa me) et “Où êtes-vous" (More), deux chansons du répertoire de Petula Clark, la grande vedette féminine en 1965: “Dans le temps" et “Viens avec moi" ainsi que “Chacun garde dans son coeur" qui s’avère le prochain 45 tours de Margot Lefebvre.
Son passage à l’étiquette Vedettes, en 1967, marque un changement notable à son répertoire. Les propos actualisés de “Ce monde d’aujourd’hui" (Gentle On My Mind de Glen Campbell) sont rendus avec un accompagnement folk-pop tandis que “Comment te dire" (A Man Without Love) réfère à la vedette montante du moment, le néo-crooner Engelbert Humperdinck. Cette volonté d’équilibre est toujours présente lorsque Margot aborde la chanson-culte de Melanie “Ils ont changé ma chanson" (What Have They Done To My Song, Ma) tout comme la reprise de “Darla dirla dada" qu’on retrouve à l’envers du même 45 tours. Ces chansons constituent le chant du cygne pour celle qui fut une des premières vedettes du petit écran, une chanteuse hors pair et, à sa façon, un chaînon entre la chanson yé-yé et le music-hall.
Par la suite elle n’effectue que des apparitions sporadiques sur scène et à de rares émissions télévisées, occupant divers métiers loin des projecteurs du vedettariat. Suite à sa participation au spectacle De Jeunesse à Aujourd’hui, en 1988, elle envisage un moment de revenir à la scène mais n’aura pas l’occasion de concrétiser ce désir, étant terrassée par la maladie quelques mois plus tard.
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com