Bobby Hachey
Bobby Hachey
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Biographie
Rares sont les musiciens qui accèdent de leur vivant à un statut légendaire. C’est le cas de Bobby Hachey. Né d’une famille de musiciens à Atholville, Nouveau-Brunswick, le jeune Bobby Hachey participe à sa première émission de radio à l’âge de six ans. Doué pour la musique, il apprendra au fil des ans à jouer de la guitare, du violon et de la mandoline. À l’âge de quatorze ans, il quitte l’école pour se joindre à l’orchestre de Kid Baker, un artiste western très connu à l’époque.
Avec ses frères Terry et Curly, qu’il retrouve un peu plus tard à Montréal, ils forment ensuite leur propre groupe musical. On peut les voir, entre autres engagements, participer à l’émission hebdomadaire de Willie Lamothe et ses Cavaliers des Plaines, sur les ondes de CKVL, la populaire station de Verdun. Sur la lancée de cette émission fort appréciée du public, qui sera diffusée pendant la majeure partie des années cinquante, on retrouve également Bobby et son frère Curly sur certains enregistrements du cowboy fantaisiste. On peut les apercevoir en compagnie du violoniste Fernand Thibault sur la pochette de l’album “Willie Lamothe et ses Cavaliers des Plaines avec Rita Germain“ paru sur étiquette London à la fin des années cinquante, l’un des premiers microsillons québécois dont la pochette soit ornée d’une photo en couleurs. Précisons, pour les fans les plus avertis, que si la chanteuse de la troupe y prend la pose auprès de la contrebasse, l’instrument est tenu en réalité par la musicienne Mary-Lou Farrah, membre régulière du groupe. Bobby Hachey y interprète en soliste les pièces instrumentales “Boogie des Cavaliers de Plaines" et “L’oiseau moqueur".
Avec les Frères Hachey, Bobby a aussi le plaisir de côtoyer en tournée des artistes comme Tex Ritter, Carl Smith, Porter Wagoner et le Canadien Hank Snow. De retour au Québec, Bobby fait équipe à nouveau avec Willie Lamothe à partir 1967. Les deux musiciens deviennent dès lors des inséparables et on retrouve le tandem sur scène, à la radio et bien sûr à la télévision. Le rendez-vous hebdomadaire du Ranch à Willie, à Télé-Métropole, sera une des émissions musicales les plus populaires de la décennie et tiendra l’affiche pendant six ans, de 1970 à 1976.
Dès sa première saison, la renommée de l’émission amène Bobby Hachey à graver ses interprétations instrumentales sur microsillon. Son premier album pour la maison London, étiquette où l’on retrouve alors les plus grands noms du country et western francophone: Paul Brunelle, Marcel Martel, Lévis Bouliane, Larry Robichaud, Ti-Blanc Richard et bien sûr Willie Lamothe, témoigne du goût de Bobby pour la musique de Buck Owens et ses Buckaroos. Son interprétation magistrale du thème “Buckaroo" en fait un disque-repère pour les adeptes québécois de musique country. Le guitariste y reprend quelques classiques du répertoire country américain comme “Yakety Axe", adapté pour la guitare par Chet Atkins, “Battle Of New Orleans" et “Buck’s Polka", mais aussi le thème du film Doctor Zhivago “Lara" de Maurice Jarre et la pièce “Caravan" de Duke Ellington. Ce disque est bientôt suivi d’un album vocal où il interprète une sélection de chansons d’une de ses idoles de toujours: “Bobby Hachey sings Johnny Cash“.
Devenus de nouvelles figures de proue tant à l’écran et chez les disquaires, Bobby et Willie attirent aussi les foules lors de leurs prestations sur scène. Lors de grands spectacles auxquels ils participent au centre sportif Paul-Sauvé en 1970 et 1971, ils attirent respectivement 8 000 et 9 000 personnes, des records d’assistance pour un tel endroit. L’équipe se trouve encore consolidée lorsqu’un troisième musicien se joint à eux en permanence, le batteur Claude Jobin.
À cette époque, plusieurs annonceurs ont recours aux services de Bobby pour des jingles publicitaires, parmi lesquels Datsun, Loto-Perfecta et l’huile Valvoline. Le guitariste-chanteur multiple également les enregistrements officiels. L’album instrumental “Bobby Hachey et ses Six Bons“, sur lequel on retrouve notamment le surprenant “Hachisch Boogie", “Down Yonder" et “La polka du Ranch", connaît un succès sans précédent. Ce disque est suivi à son tour d’un nouveau 33 tours vocal où il rend cette fois hommage au King lui-même: “Bobby Hachey sings Elvis“ est lancé en 1972.
Suite aux premières incursions de son ami Willie au cinéma, Bobby apparaît à ses côtés dans La mort d’un bûcheron de Gilles Carle en 1972 et dans Mustang de Marcel Lefebvre en 1974. Dans ce dernier film, les deux joyeux lurons sont entourés de Claude Blanchard, Muriel Millard, Luce Guilbeault, Marcel Sabourin et Nanette Workman qui revient tout juste d’un long séjour en Europe. Le film est diffusé en salle l’année suivante.
En cette année 1975, l’événement marquant dans la carrière des deux compères est leur tournée en Louisiane, à l’invitation du ministère des Affaires culturelles du Québec et du CODOFIL (Council for the Development of French Louisiana). Pour l’occasion, la délégation culturelle du Québec est constituée de Willie et ses musiciens ainsi que du duo Jerry et Jo’Anne. Le point culminant de la tournée attire plus de 10 000 personnes au Blackham Coliseum, à Lafayette. Ils en ramènent l’inspiration pour une nouvelle chanson qui devient un nouveau succès pour Willie, “Mes voyages en Louisiane".
Bobby, Willie et leur équipe retournent aux Etats-Unis l’année suivante mais cette fois ils s’arrêtent à Nashville, capitale du Tennessee et de la musique country. Ils y côtoient plusieurs de leurs artistes préférés, se produisent au Grand Ole Opry et enregistrent les chansons de l’album “30 ans et puis Nashville“. Malheureusement, un accident cardiaque laisse Willie aux prises avec une santé chancelante et une mobilité réduite, dès la fin 1976. Bobby choisit alors de poursuivre sa carrière en tant que soliste. Le public qui avait découvert ses talents musicaux et vocaux au cours des nombreuses pérégrinations du duo, réserve partout un accueil chaleureux à celui que plusieurs désignent tout naturellement sous le surnom de Monsieur Sourire. Un album porte d’ailleurs le titre de “Mon sourire, ma limousine“ et lui mérite le Félix du Meilleur artiste country de la part de l’ADISQ en 1979. Bobby Hachey devient ainsi le premier artiste à recevoir la célèbre statuette dans cette catégorie.
Tout en continuant de se produire dans les festivals et le réseau des salles de spectacle country pendant la décennie quatre-vingt, le plus célèbre guitariste du Québec rejoint aussi une partie de la jeunesse qui le reconnaît comme un des pionniers de cet instrument sur la scène locale. C’est le cas de la chanteuse Mitsou qui a recours à ses services pour l’enregistrement de sa chanson “Lettre à un cowboy" sur son album “Terre des hommes“ en 1990. Cette contribution donne un cachet tout particulier à la création de la très jeune vedette pop. Quelques années plus tard, ce sont Les Ours qui l’accueillent dans le cadre de leur spectacle Polyphonie Western présenté pendant l’événement Coup de coeur francophone, à l’automne 1999.
Entre temps, Bobby mûrit un projet qui lui tient à coeur, soit un spectacle entier dédié à la mémoire et à l’apport musical de ses amis aujourd’hui disparus, les artistes légendaires des années quarante, cinquante et soixante. Un aperçu du répertoire choisi pour la circonstance est gravé sur le disque compact “Hommage à mes amis“, son premier en carrière, qui est lancé au printemps 2000. On y retrouve, chantées par Bobby, les oeuvres marquantes popularisées à l’origine par Roland Lebrun, Lévis Bouliane, Paul Brunelle, Marcel Martel, André Breton et Willie Lamothe. Fin juillet, le spectacle dédié au legs musical de ces grands disparus est présenté au Métropolis, au cours de la soirée d’ouverture des FrancoFolies de Montréal, puis en tournée à travers le Québec.
Ayant ralenti ses activités sur scène suite à des problèmes de santé, Bobby n’en continue pas moins d’afficher une passion pour la musique et propose un double album bilingue en 2002 - un DC en chaque langue - pour souligner ses 50 ans de carrière, puis un nouvel enregistrement intitulé “On se souvient du Rock’N’Roll“ en avril 2005. La maison de disques Mérite publie pour sa part plusieurs albums, dans la série Les Étoiles du Country, au tournant de l’année 2006, dont un “Album instrumental“ et la compilation “Hommage à Elvis & Johnny Cash“. Le sympathique musicien et chanteur allait nous quitter quelques mois plus tard, en octobre 2006, victime d’un cancer, au terme d’une carrière musicale de soixante ans.
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com