Fernand Gignac
Fernand Gignac
- Interprète
- Artiste québécois
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Biographie
De nombreux amateurs de chansons populaires et de comédie savent qui est Fernand Gignac. Pour les autres, il peut être utile de rappeler la carrière d’un des chanteurs préférés de ces dames, dont le parcours s’étend sur six décennies.
Son talent vocal naturel lui a ouvert très jeune les rideaux de la scène. Dès l’âge de neuf ans, en 1943, il a l’honneur de remporter le concours Les talents de chez-nous, diffusé à la radio publique alors presque naissante qu’est Radio-Canada, Montréal. Bien entendu, cette reconnaissance lui permet d’être recruté rapidement par les tenanciers de cabarets de la Métropole où il a vu le jour. Il se produit notamment au fameux Faisan doré alors qu’il a tout juste quatorze ans.
Son allure de jeune homme bien et son répertoire BCBG plaisent à une large clientèle pour qui le romantisme et la chanson légère sont à l’honneur dans ces années d’après-guerre. Il apprécie les arts au point d’étudier le chant, le piano et l’art dramatique car c’est cette voie qu’il a choisie. La radio de la région montréalaise lui fera un clin d’oeil dès le début des années cinquante, notamment à CHLP où il a charge du palmarès français, ce qui lui vaut le surnom de Monsieur Juke-box, jusqu’à ce qu’une offre encore plus prestigieuse se présente à lui.
Son premier contrat d’enregistrement, il le décroche en 1957, soit à l’aube de l’âge d’or du disque québécois alors qu’il y a encore peu d’artistes d’ici qui ont cette opportunité. Quelques-uns seulement, dont Robert L’Herbier, Jean Lalonde, Fernand Robidoux ou The Three Bars, avaient pavé la route de garnotte défichée par Alys Robi et surtout Mary Travers (La Bolduc) avant lui. Nous sommes alors encore à quelques années sonores des premières stars nationales que seront les Michel Louvain, Donald Lautrec et Michèle Richard.
Mais la carrière discographique de Gignac éclipsa celle de bon nombre de ses contemporains, si bien qu’on rapporte le total de 5 millions d’exemplaires vendus sur plus de trois décennies. Un exploit retentissant.
Ses premiers succès ont entre autres pour titres “Je ne fais que passer" et “La fille de la forêt". C’est alors qu’on fait appel à son expérience pour lui proposer l’animation d’une émission musicale à la télévision de Radio-Canada. Ce sera Le club des autographes où il reçoit des artistes de renom et interprète lui-même de nombreux titres dont certains deviendront d’énormes succès du disque tels “Do-ré-mi-fa", “J’avais vingt ans", “La montagne des amoureux", “Honolulu" et, sans doute son plus gros triomphe, “Donnez-moi des roses". Calme, courtois et sans extravagance, ce gentleman savait plaire à un très large public.
Il n’est donc pas surprenant qu’on lui décerne plusieurs distinctions dont le titre de Monsieur radio-télévision au Gala des artistes de 1964 et le trophée du meilleur interprète au Festival du disque l’année suivante. À cette époque, Gignac coanime aussi Toast et café la télé du Canal 10 en compagnie de Dominique Michel et de Frenchie Jarraud.
Poursuivant sa carrière discographique jusqu’à la fin des années quatre-vingt, Fernand Gignac se mit au service de l’humour en incarnant des personnages parfois loufoques dans les téléséries Symphorien (de Marcel Gamache) ainsi que Les Moineaux et les Pinsons (de Georges Dor) au cours des années soixante-dix et quatre-vingt. On le revit également dans quelques autres dramatiques, au cinéma et sur les planches, notamment au Théâtre des Variétés de Gilles Latulippe.
Monsieur Gignac continue tout de même à chanter et sillonne le Québec pour donner des spectacles toujours très courus. Il y interprète une quantité monumentale de titres du répertoire français, québécois et américain remettant souvent à l’ordre du jour des standards de l’époque des crooners et du ballroom, sans oublier ceux du temps des Fêtes. En 1992, son fils Benoît, publie sa biographie, Fernand Gignac, mon père aux Éditions Stanké.
Ce chanteur de charme aura fait sa renommée sur plusieurs tribunes grâce à son très grand professionnalisme et à sa versatilité. Une carrière qui prit malheureusement fin en 2006 abruptement, à l’âge de 72 ans, à la suite d’une hépatite qui causa son décès. Sa voix chaude et paisible restera encore longtemps reconnaissable entre mille. La grande classe!
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com