Marc Gélinas
Marc Gélinas
- Auteur et/ou compositeur
- Interprète
- Artiste québécois
Ressources web
Biographie
Bien que remarquable, la contribution de Marc Gélinas à la chanson pop québécoise a souvent été sous-estimée par les commentateurs culturels. En contrepartie, le principal intéressé a de son côté gardé une certaine distance avec les autres artisans de la chanson, et à plus forte raison les tenants de cette industrie culturelle qu’est le monde de l’enregistrement sonore. Venu à la chanson un peu par hasard, il gratte la guitare et inclut ses premières compositions au scénario du téléroman Beau temps mauvais temps, où il tient un rôle d’étudiant bohème au milieu des années cinquante. À la même époque, il participe à sa première émission de variétés, animée par Michelle Tyssère, et se fait connaître comme jeune chanteur prometteur.
C’est toutefois en 1957, alors que s’impose sa chanson “Aide-toi et le ciel t’aidera", que Marc envisage sérieusement une carrière d’auteur-compositeur-interprète. La chose est peu courante à l’époque, ses pairs pouvant se compter sur les doigts d’une seule main, et encore moins accessible à un tout jeune homme. Son audace et sa présence régulière au petit écran où il se fait ensuite remarquer dans Nérée Tousignant, autre continuité écrite cette fois par Félix Leclerc, la seule que celui-ci ait jamais destinée à ce nouveau média. La maison RCA Victor en fait sa révélation et son premier album lui vaut le Grand prix du disque canadien, attribué par la station de radio CKAC, l’année suivante. Une de ses chansons “Veste de cuir" est aussi primée au deuxième Festival de la chanson canadienne. Pendant ce temps, le jeune public et les divers palmarès réservent un accueil chaleureux à “Boucles blondes", “Les langues longues" ou “Petite couventine".
Au terme de son contrat, il se tourne vers de nouvelles maisons de disques où il doit parfois reprendre certains succès du jour dont “Un p’tit béguin" connaît une certaine notoriété. Mais le début des années soixante marque une première éclipse de l’artiste en tant que chanteur à succès. C’est surtout à titre d’animateur qu’il fait alors sa marque, à la barre d’émissions musicales tout de même: En quête de chansons, Sur deux notes, Musique en tête. Parallèlement, il continue de se produire sur scène et devient une des figures de proue du Cochon borgne, un cabaret où se retrouve une jeunesse indomptée qui ne craint pas de parler de sujets chauds et dont les habitués prônent l’idée révolutionnaire de l’indépendance du Québec, comme en témoigne l’album collectif “Au Cochon Borgne avec les Indépendantistes“, premier et seul album produit sur étiquette Libération!
En pleine vague yé-yé, il refait surface sur les plateaux des émissions jeunesse avec de nouvelles chansons, toujours un peu existentialistes mais enrobées de sonorités modernes. “Moïra" et surtout “Tu te souviendras de moi" confirment le retour de Marc Gélinas et le début d’une deuxième carrière, cette fois chez Jupiter la toute nouvelle maison de disques d’Yvan Dufresne qui abrite les idoles pour adolescents que sont Donald Lautrec, Tony Roman, Guy Roger et bientôt Jacques Michel ou les Sinners. La chanson “De vie à éternité" lui mérite le Grand Prix du Disque 1965 et donne un élan sans précédent à son album solo “Ça c’est du Gélinas“. Artiste original, il applique à la chanson d’auteur les principes de la chansonnette commerciale, chose que peu de gens osent mais qui s’avérera la voie de l’avenir. Cet exemple sera bientôt suivi par les Marcel Lefebvre, Stéphane Venne et Luc Plamondon avec le succès qu’on sait.
L’effervescence entourant l’Expo 67 fournira à l’auteur-compositeur-interprète Gélinas, autant qu’à son compère Venne, l’occasion de se mettre en évidence. Ce n’est pas un mais trois airs à succès qui lui seront inspirés par l’événement et deviendront des témoins de cette époque magique: “Rendez-vous à Montréal", “La Ronde" et “Lorsque le rideau tombe" demeurent des témoins authentiques de la fébrilité entourant l’ouverture, la tenue et la fin de cet événement sans pareil.
Pendant le reste de la décennie, il revient à la chanson plus sobre, voire intimiste, de ses débuts. “Une fille", “Quel merveilleux dimanche", “J’ai du bon feu" renouent avec la chanson plus classique. Mais il sait aussi surprendre en accolant, par exemple, une mélodie très visuelle à la Morricone pour son hommage à “Émile Nelligan". Il entreprend aussi à cette époque une série d’interprétations en duo dont la plus mémorable demeure “En suivant l’étoile" qu’il chante avec Ginette Ravel.
C’est en 1969 qu’il fonde sa propre maison de production, Marco. Cette initiative lui permet de remplir plusieurs commandes pour lesquelles il livre des mélodies et des textes sur mesure: “Les Expos sont là", “Le Festival western de St-Tite", “Les Jeux du Québec". Il revient à l’animation télévisée en 1970 pour l’émission Le rideau s’ouvre, crée une école de chant, devient disc-jockey à CIEL-FM et s’implique au conseil de l’Union des Artistes. Comme comédien, il joue surtout au théâtre et dans certaines séries télévisées (Montréal ville ouverte, La maison Deschênes, Lance et compte III) mais se laisse aussi attirer par le cinéma, principalement par les rôles que lui confie André Forcier dans Le vent du Wyoming, Une histoire inventée et La Comtesse de Bâton Rouge.
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com