Les Gants Blancs

Les Gants Blancs

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Biographie

Les membres des Gants Blancs étaient déjà des musiciens expérimentés quand le groupe prit ce nom, à la fin de l’été 1964. Les deux frères Denis et Gérald Boulet avaient joint les Double Tones respectivement en 1961 et 1962; cette même année, Fernand Hébert et Bernard Lamoureux s’étaient ajoutés et le groupe était devenu les Twistin’ Vampires, emporté par cette danse qui connaissait alors un succès planétaire, le twist. Après s’être ainsi produits dans la région de Saint-Jean d’Iberville, Cowansville et Granby pendant tout l’été, les quatre musiciens décidaient de se rebaptiser The Fabulous Kernels au moment où un deuxième saxophoniste du nom de Louis Campbell venait compléter la formation. L’épopée du quintette allait durer près de deux ans jusqu’à ce que, sous l’impulsion de leur nouveau gérant Jean-Paul Brodeur et du mouvement yé-yé naissant, ils optent pour un nom à consonance plus francophone et se métamorphosent définitivement pour faire place aux Gants Blancs.

Un peu plus d’un mois après cette transformation, les voici pour une première fois dans un studio d’enregistrement. Il s’agit d’un équipement domestique appartenant à l’ancien chanteur soliste des Van Dykes et futur gourou de l’enregistrement au Québec, André Perry. En quelques heures à peine, ils gravent le contenu d’un 45 tours, soit une interprétation de “Pas cette chanson" (popularisée en France par Johnny Hallyday) et une composition du groupe intitulée “Que font-ils de l’amour". Le disque ne fait pas tellement de vagues mais le nom du groupe circule un peu plus.

En 1965, le groupe est choisi pour animer une émission hebdomadaire sur les ondes de CHLT-TV, à Sherbrooke: Ça claque avec les Gants Blancs. Entre temps, sur la lancée de la fameuse invasion britannique, leur musique se transforme peu à peu. Épris des sonorités de groupes comme le Dave Clark 5 et les Animals, Gérald se procure un de ces fabuleux orgues portatifs de marque Vox Continental. La popularité que leur occasionne leur présence régulière à la télévision les amène à graver un nouveau 45 tours dans une esthétique tout à fait yé-yé: “Je n’aime que toi" est la version d’un succès de Freddie and The Dreamers “I’m Telling You Now" tandis que “J’ai fait le serment" est une autre composition du groupe. Malgré une qualité d’enregistrement supérieure et une sonorité très dans le vent, le disque ne connaît guère plus de succès que la tentative précédente, qui date maintenant de près de deux ans. Les Gants Blancs demeurent un de ces groupes qu’il faut entendre en direct, à la façon des Mykels ou des Misérables.

L’année 1967 est une année de remous dans le domaine musical et les Gants Blancs tentent eux aussi de s’imposer plus fortement, aidés en cela par leur rencontre avec un producteur de la Vieille Capitale, Bob Chamberland. Celui-ci voit déjà à la carrière des Sextans après s’être occupé des Million-Airs, puis des Maraudeurs et des Del-Hir. Il vient de créer sa propre maison de disques consacrée principalement aux jeunes groupes, sur ses étiquettes Mars et Loir. Les Gants Blancs gravent deux 45 tours sur Mars: “Tu veux revenir" et “J’avais tout deviné" chantés respectivement par Gérald et Denis Boulet. L’envers de “Tu veux revenir" fait une place toute spéciale au son de l’orgue de Gerry Boulet dans la pièce “Pourquoi j’ai cru en toi" qui est une adaptation du classique de Screamin’ Jay Hawkins “I Put A Spell On You". Malgré la qualité de ces interprétations, les nouveaux disques des Gants Blancs connaissent un sort semblable aux précédents. Le groupe persiste pourtant et tient son répertoire à jour: les chansons des Lovin’ Spoonful, des Doors et les toutes nouvelles créations pop des Beatles viennent s’ajouter aux habituels succès à trois accords.

C’est également une période charnière au sein de l’équipe de musiciens voit arriver de nouveaux visages. Déjà Bernard Lamoureux et Louis Campbell avaient quitté au cours de l’année 1966. À l’automne 1967, c’est au tour de Fernand Hébert de choisir une vie plus rangée et de laisser les Gants Blancs. Ce départ est l’occasion de repenser l’allure et le son du groupe. Désormais, plus de cuivres et d’arrangements à la manière soul comme on les pratiquait depuis maintenant trois ans. Les Gants Blancs deviennent plus secs, plus rock dans leur son et dans leurs attitudes. De nouveaux musiciens apportent leur touche personnelle: Rick Horner manie la guitare de façon plus professionnelle et Michel Lamothe, le fils du célèbre chanteur et boute-en-train Willie Lamothe, ne se contente pas d’une simple ligne d’appoint sur sa basse électrique. On procède à l’enregistrement d’une chanson des Who “Call Me Lightning" qui devient “Dis-moi son nom" et paraît sur étiquette Jupiter. Pour cette séance d’enregistrement, on a même invité en studio un autre guitariste: Jean Gravel, soliste des Héritiers. La pièce, rendue avec imagination, prouve que les Gants Blancs sont devenus de vrais rockers, un mot qui prend une saveur nouvelle à l’orée d’une nouvelle ère, celle du hard rock.

Cependant, c’est à peine si un succès d’estime génère quelques centaines de ventes de “Dis-moi son nom". Certains vont préférer faire tourner la ballade country-folk “Le vagabond" sur les ondes. Cet air, emprunté à Gordon Lightfoot, rejoint un plus large public mais n’apporte toujours pas au groupe la célébrité des Hou-Lops, des Sultans ou des Lutins. Le prochain effort - le dernier en ce sens pour les Gants Blancs - se veut plus adulte, avec deux compositions de Marcel Lefèvre, “Le bal masqué" et “Carrousel", qui ne connaissent malheureusement pas un meilleur sort.

À la fin de l’automne 1968, Rick Horner fait part à son tour de sa décision de quitter le groupe. On évalue la situation, on cherche un nouveau guitariste et on pense immédiatement à Gravel qui était déjà venu leur prêter main forte l’année précédente. Entre-Temps les Héritiers se sont séparés et Johnny est passé chez les Caïds. Il accepte finalement de joindre les Gants Blancs en avril 1969. Ce faisant, le groupe complète sa mutation sonore et délaisse complètement les chansons plus légères des palmarès pour s’attaquer à un répertoire plus spécialisé et, par la force des choses, plus underground. Ils ont choisi la voie difficile mais sont maintenant maîtres à bord. Après quelques mois, le nom même des Gants Blancs leur pèse et ils essaient diverses dénominations avant d’aborder les années soixante-dix. Après une ultime tournée en compagnie de Bruce Huard, sous le nom de La 7e Invention, ils optent finalement pour L’Opéra Pop d’Offenbach. Une histoire à suivre!

Le groupe était constitué de:

  • Denis Boulet: batterie, chant
  • Gérald Boulet: orgue, chant
  • Michel Lamothe: basse (à partir de 1968)
  • Jean Gravel: guitare (à partir de 1969)

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

  • Fernand Hébert: saxophone(1964-1967)
  • Bernard Lamoureux: guitare (1964-1966)
  • Louis Campbell: saxophone (1964-1967)
  • Ronald Thibodeau: guitare (1966-1967)
  • Mario Brodeur: basse (1967-1968)
  • Rick Horner: guitare (1967-1969)

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Œuvres populaires

Albums

Titre Année Artiste(s)
Dis-moi son nom (call me lightning) Les Gants Blancs
Je n’aime que toi - j’ai fait le serment 1965 Les Gants Blancs
Pas cette chanson 1965 Les Gants Blancs
Tu veux revenir 1967 Les Gants Blancs
J’avais tout deviné / je le sais bien 1967 Les Gants Blancs
Le bal masque / carrousel 1968 Les Gants Blancs