Les Aristos
Les Aristos
- Groupe (Donald Bélanger, Yves Côté, Julien Hébert, Gilles Héroux, Pierre Pothier)
- Interprète
- Artiste québécois
Ressources web
Biographie
L’aristocratie et le monde du yé-yé, comme plusieurs des tenants du rock’n roll de la fin des années 50 et de la première moitié des années 60, faisaient bon ménage semble-t-il. Un privilège qui était aussi le lot du règne animal, des personnages historiques ou ses marques d’automobiles. C’est du moins l’impression que donne une brève énumération des noms que se donnaient les groupes de cette époque mythique. Si de rares passionnés ont encore en tête les noms des Monarques, Vicomtes, Marquis ou Chanceliers, nous sommes un peu plus nombreux à avoir gardé en mémoire celui des Aristocrates ou, plus familièrement, les Aristos.
Cette formation est issue, comme plusieurs de nos groupes majeurs des années 60, de la pépinière estrienne de Saint-Hyacinthe, un temps surnommée le Liverpool québécois. Bien que leur nom n’apparaisse sur disques qu’en 1965, la plupart des membres des Aristocrates avaient débuté leur parcours commun dès le début de la décennie, en 1961, alors qu’ils se spécialisaient dans l’interprétation de rythmes sud-américains sous le nom des Corvet’s. Un album de cette formation témoigne d’ailleurs de cette étape d’apprentissage fort utile. C’est que le rôle d’orchestre de danse suppose une précision de tous les instants dans l’exécution des “Mambo no.5", “Green Mosquito", du cha-cha “Impossible" ou même d’un “Alouette Rock".
La carrière des Corvet’s se termine brusquement lorsque leur véhicule fait une embardée, à fin de l’été 1963. Les jeunes musiciens en sont quitte pour une bonne frousse mais leurs instruments sont une perte presque totale, sans parler de ce qui reste de leur fourgonnette. Ils profitent de cette pause involontaire pour aller se ressourcer en fréquentant les autres scènes où se produisent les groupes de la vague la plus récente. Depuis quelques mois en effet, en plein hiver 1964, le style instrumental qui faisait les beaux jours des Corvet’s n’est plus dans le coup. Sous l’influence des Beatles et de toute l’invasion musicale qui suit, les groupes se doivent de miser sur un volet vocal. Il devient urgent, avant de reprendre le collier, d’intégrer au moins un chanteur d’expérience à l’équipe.
C’est au sein d’un groupe nommé les Ex-L 500 qu’ils découvrent celui qui deviendra leur soliste. À peine ont-ils eu le temps de se monter un répertoire qu’on annonce un super-concours d’orchestres dont l’enjeu est de trouver une formation qui succédera aux Les Hou-Lops à la barre de l’émission du vendredi soir Bonsoir copains, sur les ondes de CHLT-TV, à Sherbrooke. Les vainqueurs sont les Les Sultans mais les Aristocrates sont également remarqués et on leur propose un autre créneau hebdomadaire, en semaine. Portés par le succès relatif mais réel de l’émission 1, 2, 3... les Aristos, ils ne tardent pas à intéresser la maison de disque locale et gravent un premier 45 tours regroupant une adaptation d’un succès d’Herman’s Hermits “Chère madame votre fille est très jolie" et une composition du groupe intitulée “J’en suis jaloux", sur étiquette Météor.
Petit à petit, le nom des Aristocrates se répand parmi la jeune génération et leur popularité grandit à chaque nouvel enregistrement. “Le train (qui ne revient pas)", “Va plus loin", “Ton visage maquillé de joie" ravissent les moins-de-20 ans qui se veulent «amateurs de vrai yé-yé» et se désintéressent de la veine plus commerciale du mouvement. En effet, tout comme les Sultans, les Mykels et quelques autres, les Aristocrates n’adhèrent pas à la stratégie de l’image excentrique des cheveux colorés et autres allures tape-à-l’oeil. Musicalement, ils préfèrent scruter les chansons méconnues plutôt que de reprendre les mélodies entendues de tous, ce qui laisse croire pour un certain temps à une plus grande quantité de créations originales.
Parallèlement à cette carrière patiente et relativement discrète, le groupe joue constamment dans les circuits des écoles, salles paroissiales et dans certaines boîtes de nuit: Le Baron, le Club du Music-Hall, le Club Yé-Yé à l’étage du Café Saint-Jacques... On retrouve également leur nom sur un certain nombre d’enregistrements promotionnels liés au regroupement des boulangers de la région, sur étiquette Match. Ils y reprennent, à des conditions jugées avantageuses, certains succès du palmarès, à l’instar de plusieurs jeunes artistes tels Renée Martel, Karolyn Vallée (future Karo), les Internes, Louis Simon (Louis Simoneau qui deviendra Jean Nichol), etc.
L’année 1967 est celle d’une certaine maturité de leur carrière. Les cinq Maskoutains sont de l’événement Starovan au centre Paul-Sauvé, en février, en compagnie de plusieurs groupes dont les Sextans, les Chantels, les Hou-Lops et le mod français Ronnie Bird. Le passage à la maison D.S.P. où ils rejoignent les Sultans, Claire Lepage, Les Milady’s et l’auteur-compositeur-interprète Éric, est marqué par la parution de “Un peu de ton amour" / “Pour oublier" respectivement empruntées à Donovan (via The New Animals) et aux Beau Brummels. La dernière est particulièrement réussie et supplante l’originale à plus d’un point de vue. Suivent deux compositions du groupe “Quand l’amour est là" et “Cette chanson elle est pour toi". Cette fois c’est le surnom du groupe, Les Aristos, qui est utilisé sur l’étiquette.
Au moment où on croirait que le groupe atteint une situation idéale, débute une mutation qui mènera à la fin de leur collaboration. Malgré le succès au palmarès de leurs deux dernières chansons, le prochain 45 tours se rabat sur une reprise française (“Le monde est gris, le monde est bleu" d’Éric Charden) et une version américaine. La surproduction, les arrangements qui marginalisent l’apport des musiciens du groupe, la tendance à miser davantage sur le chanteur soliste viennent diluer la chimie interne de la formation. L’album qui paraît à l’été 1968 a tout d’une compilation-souvenir et est d’ailleurs gravé dans la série Idole dont c’est la spécialité. Un dernier 45 tours, sous le nom Donald et les Aristos, aura tout de même le mérite de faire découvrir Michel Fugain à la jeunesse québécoise grâce aux “Fleurs de mandarine".
À la dissolution du groupe, certains membres des Aristos seront à l’origine du Coeur d’une génération avant d’opter pour des directions professionnelles variées, ne remontant que rarement sur scène dont à l’occasion de quelques éditions du Festival rétro de Saint-Hyacinthe à partir de 1993, sous le nom Les Anciens membres qui regroupe également d’ex-Sultans, Makadams, Arlequins, etc. Des rééditions CD compilatoires, parues en 2000 et 2010, réunissent l’essentiel de la discographie des Aristocrates et même certains titres des Corvet’s ou quelque enregistrement Match parus jadis sous le nom des Motions.
Le groupe est constitué de:
- Donald Bélanger: voix, harmonica, orgue (1964-1968)
- Yves Côté: batterie (1962-1968)
- Julien Hébert: guitare (1961-1965, 1967-1968)
- Gilles Héroux: guitare (1965-1968)
- Pierre Pothier: basse
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
- Richard Lafrance: batterie (1961-1962)
- Claude Michon: saxophone, orgue (1961-1965, 1965-1967)
- Alain Robert guitare: (1961-1965)
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com
Albums
Titre | Année | Artiste(s) |
---|---|---|
Pour oublier | Les Aristos | |
Les titres d’or | Les Aristos | |
Je promets / pour oublier | Les Aristos, Les Tear Drops | |
Cette chanson elle est pour toi / quand l’amour est la | 1967 | Les Aristos |
Dis-moi pourquoi noel / le petit reine au nez rouge | 1967 | Les Aristos, Les Mersey’s |
Les Aristos | 1968 | Les Aristos |
Les fleurs de mandarine/ pourquoi | 1968 | Les Aristos |
Le monde est gris, le monde est bleu / chante, danse | 1968 | Les Aristos |
Les fleurs de mandarine | 1969 | Les Aristos |
Ton visage maquille de joie | 1974 | Les Aristos |
1964-1968 - Les grands succès | 2000 | Les Aristos |
Le Top 30 - Les Aristos | 2010 | Les Aristos |