Biographie

Après de nombreuses années à arpenter les couloirs de la scène musicale québécoise parallèle, comme la plupart de ceux et celles qui se fraient un chemin à force de persévérance et de conviction, Céline Delisle accouchait d’un premier disque autoproduit en 1997. Celle qui se plait à se surnommer la poulette grise y résumait un parcours de plus de deux décennies au cours desquelles elle aura connu toutes les joies et les peines de la vie d’artiste mais aussi de la vie tout court. Auteure-compositrice de la plupart de ses chansons, elle adopte le style réaliste cher à la tradition chansonnière et qui fera le charme d’une Sylvie Tremblay ou d’une Lynda Lemay. “Vivre assez longtemps", “L’envol" ou “On est deux Céline D." sont, sous leur imagerie ou leur humour de circonstance, les réquisitoires d’une humaine réclamant sa place au soleil. Sa voix au registre peu commun et dont elle est loin d’abuser trouve à s’exprimer dans la chanson sans paroles “Le désert" et le refrain de l’autobiographique “Une louve".

Établie dans la métropole, elle attire l’attention de la colonie artistique qui se laisse doucement apprivoiser et reconnaît dans cette bohémienne urbaine un de ses talents authentiques. Invitée à se produire en première partie de Richard Desjardins, elle est enfin remarquée par la critique et trouve une complicité naturelle chez l’équipe de Musicomptoir, maison de disque où l’on retrouve entre autres les Colocs, Lilison Di Kinara et Bourbon Gautier. Un nouveau DC “La traversée“ y paraît au printemps 2001, où elle s’assure la présence d’une équipe variée et efficace. On y retrouve une Céline Delisle toujours aussi attentive aux petites choses et aux grands drames de l’existence: “Nabila", déjà présentée sur le premier album, rappelle le destin de cette journaliste algérienne sacrifiée au nom de la tradition; “Le sang fou" évoque le drame toujours menaçant du sida tandis que “Chercher la sortie" est une réflexion dérangeante sur le sens de la vie. Par ailleurs on retrouve son humour gaillard dans “La bière tablette" ou la reprise de “Une louve" et ses prouesses vocales dignes d’une Yma Sumac ou d’une Diane Dufresne dans “Divifunk". Le monde est-il prêt pour Céline?

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com