Biographie

Il est des groupes qui ont plusieurs vies. Originaire de Val-d’Or, la révélation du rock québécois pour l’année 1999 avait débuté sa carrière dans la région abitibienne six ans auparavant. Près d’une décennie plus tard, après un silence de quelques années, on les retrouve en formule trio, plus convaincants que jamais.

Comme la plupart des jeunes musiciens, ils jouent d’abord dans des bars locaux pendant quelques années, une expérience qu’ils vont plus tard traduire en chanson avec la pièce “Juste pour voir le monde". C’est à cette époque qu’ils se rendent participer aux Rendez-vous de la nouvelle chanson de Gatineau et y sont désignés le meilleur groupe musical. de l’Outaouais.

Leur répertoire est déjà largement original, basé sur le quotidien et les préoccupations de ses membres. Leurs influences principales sont le blues, le métal et le rock québécois à la façon des années soixante-dix. Comme plusieurs représentants qui participent alors au renouveau du genre, les gars de La Chicane utilisent le langage québécois populaire qui rallie la jeunesse depuis cette époque d’intense création musicale (les années soixante-dix) et qu’on appelait alors le joual.

Ils s’amènent aux alentours de Montréal en 1996 et commencent à envisager sérieusement de faire carrière, sans toutefois altérer leur approche musicale. Ils composent leur matériel au gré des jours, sans trop se soucier de la réaction des médias, trop formatés pour les amateurs de rock un peu rebelle. Bien leur en prend puisque leur premier album “En catimini“ lancé en janvier 1998 connaît un accueil inattendu tant auprès du public que des stations de radio. Faut-il s’étonner de constater qu’un succès qui débute dans le nord-ouest québécois se répande comme une traînée de poudre au reste du territoire?

La chanson “Calvaire" les propulse en tête des palmarès à peine un mois après sa sortie en vidéo clip et quelques semaines plus tard, l’album est le premier vendeur du côté québécois, dépassant même le succès colossal de la superproduction “Notre-Dame de Paris“. Sur cette lancée improbable, ils entreprennent une première tournée d’envergure à la grandeur du Québec en mars de la même année. En juillet ils se joignent, le temps de cinq spectacles bien garnis, au Grand Pique-nique de Kevin Parent avant de reprendre la route en solitaires. Au terme de cette année d’intense activité, ils songent déjà à un deuxième album. “Disparu“ paraît finalement à l’automne 2000. Déjà, on remarque un changement avec le départ d’Alain, un des deux guitaristes. Mais l’énorme succès du groupe (Juno, Félix, des ventes atteignant les 200 000 exemplaires) ne lui permet guère de répit.

L’été suivant, c’est au tour du bassiste Dany Bédard de prendre un peu de recul, désirant se consacrer à un premier album qui amorcera pour lui, quelques mois plus tard, une carrière en solo. Le disque paraît d’ailleurs sur étiquette Boom Box, une initiative d’un autre membre du groupe, Boom Desjardins. Dany est remplacé par un musicien d’expérience: Éric Maheu, ex-membre de Noir Silence, deviendra par la suite la recrue du groupe Kaïn. La demande demeure très forte pour La Chicane. “Disparu“ est en nomination dans six catégories au Gala de l’ADISQ et récoltera deux Félix pour la cuvée 2001.

Les premières années de la décennie 2000 sont des plus occupées. Entre les spectacles, les projets personnels de chacun et les sollicitations des médias, je groupe réussit néanmoins à concrétiser un troisième opus qui est disponible au printemps 2003. Pour “Ent’nous autres“, les cinq musiciens font appel à quelques collaborateurs chevronnés, tels l’harmoniciste Guy Bélanger, le violoniste André Brunet et l’auteur-compositeur Richard Pelland, récemment révélé par Boom Box. On peut même entendre la voix de Bruno Landry, l’inénarrable Ringo Rinfret! C’est toutefois la chanson “Jusqu’à dimanche" qui sera la plus largement diffusée, sans doute grâce à sa thématique introspective tout à fait dans l’air du temps.

Quelques semaines plus tard, la participation du groupe à un gigantesque concert-bénéfice au profit de la lutte contre le SRAS, dont les vedettes sont les Rolling Stones, leur procure une belle visibilité. L’album n’aura toutefois pas le temps de terminer ce qui aurait été son cycle normal les feux médiatiques étant sollicités par la parution et le succès indéniable du chanteur Boom Desjardins dont l’album éponyme s’avère un des succès majeurs de la prochaine saison. La Chicane entre dans une phase de discrétion qui s’avère inquiétante. La parution d’un album-bilan, en 2006, semble alors marquer la fin de l’aventure.

C’était sans compter sur la détermination des deux survivants que sont Christian Legault et Éric Lemieux. Lorsque ceux-ci croisent le parcours de Matt Laurent au gré de la tournée de Sylvain Cossette, suite à l’expérience du spectacle musical Dracula, il est vite question de collaborer à une relance imminente. Le temps de terminer les projets en cours, le trio retrouve la flamme des grands jours. C’est finalement au printemps 2008, cinq ans après la parution de “Ent’nous autres“, que le nom de “La Chicane“ revient au grand jour. Orné d’une paire de billets en guise de pochette, on devine facilement qu’il s’agit d’une invitation à se rendre entendre le groupe en personne. Le succès de la chanson “Sweet Harmonie", une contribution de Michel Rivard, les arrangements folk-rock et même quelques touches beatlesques dans certains refrains sont de bon augure. Cette fois la chicane a repris... dans le bon sens!

Le groupe est constitué de:

• Christian Legault: guitare
• Matt Laurent: guitare, voix (depuis 2008)
• Éric Lemieux: piano, claviers, B3

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

• Dany Bédard: basse (1994-2001)
• Martin Bédard: batterie, percussion (1993-2002)
• Daniel ‘Boom’ Desjardins: chant (1993-2004)
• Éric Maheu: basse (2001-2005)
• Alain Villeneuve: guitare (1994-2000)

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com