Les Alexandrins

Les Alexandrins

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Biographie

L’arrivée du duo formé de Luc Cousineau et Lise Vachon sur la scène musicale des années soixante, partagée comme le soulignait Jean-Guy Moreau entre yé-yé et chansonniers, annonçait les développements qui allaient s’opérer quelques années plus tard. Formés d’étudiants de l’école de musique Vincent-d’Indy, les Alexandrins sont d’abord un quatuor de jeunes mélomanes. Après quelques spectacles intimes, entre étudiants ou dans certaines boîtes de la métropole, le groupe devient duo, les deux audacieux étant la chanteuse et le compositeur-bassiste. Lors d’une prestation, un représentant de la maison Capitol est dans la salle et leur offre de se joindre à la filiale québécoise de la multinationale, sur le point de lancer sa nouvelle Série 70 000.

Un premier disque paraît au printemps 1966, où les voix des deux Alexandrins sont enrobées d’arrangements alliant la tradition chansonnière au vent de l’exotisme dans des titres tels “Chany" ou “Kiev". À l’écoute de tout ce qui alimente l’actualité, ils s’approchent également des formes musicales contemporaines et reviennent l’année suivante avec deux succès qui en font des têtes d’affiche: “John Kennedy" et “Les copains". En plus d’emprunter le vocabulaire de la jeunesse yé-yé, cette chanson arbore des sonorités tout à fait dans le vent et fait apprécier le groupe chez les adeptes de la chanson rythmée autant qu’auprès de la gent étudiante plus sérieuse. Quelques mois plus tard, c’est la banditesse Monica la mitraille qui leur inspire “Ballade pour Molly", une pièce au réalisme dérangeant.

Après trois albums chez Capitol, le duo passe à la maison Polydor où leur inspiration se fait débordante et les amène à des expériences tout à fait avant-gardistes. Un premier microsillon est constitué en partie de compositions de l’auteure dramatique Françoise Loranger qui illustrent la pièce théâtrale Double Jeu. Les musiciens qui accompagnent les Alexandrins se trouvent alors être la crème de la scène underground: Jacques Perron, Maurice Richard, Guy Thouin sont tous à ce moment des membres de la tribu Charlebois qui bouleverse le paysage de la chanson et de la musique pop au Québec. L’autre face de l’album contient d’ailleurs quelques joyaux qui procèdent du même élan: “L’amour ressemble à l’amour", “Djakarta", “Chanson à chanter en auto quand il pleut". Leurs 45 tours suivants prolongent le plaisir avec “La duchesse de Marmelade", “Voyage" qui alternent avec des mélodies plus pop, non dénuées d’humour: “Angela mon amour" ou “J’m’en viens" (J’m’en viens hippie, j’m’en viens correct...). L’euphorie psychédélique ne les empêche cependant pas d’aborder à nouveau des sujets plus graves comme l’inévitable guerre du Viêt-Nam avec “Maudit soit le jour" ou la simple mort d’un être cher dans “Testament d’amour". Cette dernière traite, au son d’accords western et sur un ton qui a pu sembler irrespectueux en 1970, du processus de l’incinération, encore tabou pour plusieurs de leurs concitoyens.

Mais la société évolue rapidement et ce qui était encore impensable il y a quelques saisons devient bientôt au goût du jour. Tant les chansons de Robert Charlebois, des Alexandrins que d’autres artistes de pointe comme Jacques Michel, Claude Dubois, etc. sont reçues favorablement et s’imposent comme les nouveaux standards de la jeune décennie. Cette année-là le duo, qui se présente maintenant comme Luc et Lise, est désigné pour représenter la chanson canadienne au Festival de la chanson populaire de Rio de Janeiro. Est-ce le voyage en avion qui leur inspire l’aigre-douce “Béatrice"?

Luc et Lise sont maintenant entourés d’un solide noyau de musiciens tels René Hébert, Red Mitchell, Michel Séguin et un peu plus tard Chris Castle. La troupe prend alors de plus en plus l’allure d’un groupe rock et c’est sous le nom de Cousineau que paraît leur huitième et dernier album en 1972. Au départ de Lise Cousineau et de Michel Séguin, qui s’en vont rejoindre le Ville Émard Blues Band quelques mois plus tard (ils apportent dans leurs bagages un des futurs classiques de cet ensemble “Octobre au mois de mai"), Luc Cousineau amorce une carrière d’une quinzaine d’années en tant que soliste. Il s’adonne aussi de plus en plus à la musique de films et à la conception publicitaire, pour ne revenir à la scène qu’en 2001.

Plusieurs chansons des Alexandrins sont incluses aux albums compilations de Luc Cousineau “Vivre en amour“ et “Comme tout le monde“.

Le groupe était constitué de:

  • Luc Cousineau: voix, contrebasse, guitare, percussions
  • Lise Vachon: voix

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

  • André Angelini: guitare (1971)
  • Chris Castle: batterie (1972-1973)
  • René Hébert: basse (1970-1973)
  • Marcel Huot: batterie (1970-1971)
  • Jean Langlois: batterie (1969-1970)
  • Red Mitchell: guitares, Dobro, voix (1971-1973)
  • Jacques Perron: orgue, piano (1969-1970)
  • Maurice Richard: basse (1969)
  • Michel Séguin: congas, bongo, percussions (1971-1973)
  • Guy Thouin: batterie (1969)

© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com

Albums

Titre Année Artiste(s)
Depuis longtemps / ballade pour molly Les Alexandrins
John kennedy / c’etait Les Alexandrins
Amour d’été Les Alexandrins
Les Alexandrins - volume 1 1966 Les Alexandrins
Chany / amour conjugue 1966 Les Alexandrins
Les Alexandrins - volume 2 1967 Les Alexandrins, Luc Cousineau, Lise Vachon
Les copains / la danse de la vie 1967 Les Alexandrins
Il suffit de peu / quelques arpents de neige 1968 Les Alexandrins
Les ALEXandrins...et... / Double Jeu 1969 Les Alexandrins
Les Alexandrins 1969 Les Alexandrins
Double Jeu 1969 Les Alexandrins
Quebec nucleaire 1 / la duchesse de marmelade 1969 Les Alexandrins, Luc Cousineau
Angela mon amour / voyage 1969 Les Alexandrins
Avec leur deux succès 1970 Les Alexandrins, Luc et Lise
Laisse un temps à l’amour 1971 Les Alexandrins
Tout le monde est heureux?! 1971 Les Alexandrins