La famille Soucy
La famille Soucy
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Biographie
L’origine du groupe musical La famille Soucy remonte à la fin des années quarante lorsque Fernando Soucy et son père, le célèbre Isidore Soucy commencent à se produire ensemble en spectacle dans certains stades de la région de Montréal. Le jeune musicien accompagne alors le violoneux au piano et ne tarde pas à prendre goût à l’interaction avec le public. La radio et le disque viennent bientôt s’ajouter à son expérience musicale. Fernando affiche, en plus de ses talents musicaux, un intérêt particulier pour la chanson à répondre. Avec l’accordéoniste René Alain, un musicien au style des plus enlevant, ils forment le trio Soucy et gravent un 78 tours de chansons dès le mois de février 1949. La pièce “Les fraises et les framboises" devient instantanément un énorme succès populaire et certaines copies du disque se retrouvent en France où la chanson atteint une certaine renommée régionale.
D’autres membres de la famille se joignent au trio pour les prochains enregistrements et participent éventuellement aux tournées qui les mènent aux quatre coins du Québec et ailleurs sur le continent nord-américain. Le groupe est alors formé de Eugène, Fernande, Fernando, Thérèse et naturellement Isidore Soucy. De nouvelles chansons s’ajoutent à leurs palmarès à partir de l’automne 1949: “Un homme sans argent" et “Le bon vin m’endort" sont les premiers succès attribués à La famille Soucy. L’année 1950 est marquée par la parution de seize nouveaux enregistrements dont “Prendre un verre de bière mon minou" et “Prendre un p’tit coup c’est agréable", deux autres futurs classiques du répertoire québécois. De facture traditionnelle, les chansons de La famille Soucy sont généralement de la plume de Fernando, aussi compositeur de plusieurs mélodies. Pour le reste de leur répertoire, certaines adaptations sont puisées dans le terroir, telles “Le vendredi d’la paye" (La destinée, la rose au bois), “La jeunesse d’aujourd’hui" (Marie-Madeleine) ou “Les visites de Bozo" (sur l’air de la “Chanson du Klondike").
Au cours des années, le noyau initial s’enrichit de nouveaux musiciens et chanteurs tandis que d’autres délaissent progressivement le monde du spectacle. Après de nombreuses tournées pan-canadiennes, les membres de la famille aspirent à une certaine sédentarisation. À la fin des années cinquante, s’ouvre la boîte et le restaurant Chez Isidore, au-dessus du club Casa Loma, rue Sainte-Catherine. À peu près à la même époque, un certain Jean-Baptiste Purlenne collabore de plus en plus souvent à la composition de nouvelles chansons pour le groupe. Sous ce pseudonyme, on reconnaît bientôt l’abbé Paul-Marcel Gauthier, fils du folkloriste Conrad Gauthier et ardent défenseur des valeurs de la culture de chez nous.
Le contexte urbain et l’évolution du monde du spectacle amènent le groupe à modifier son approche musicale, par ajout d’un batterie et l’amplification des autres instruments. Au tournant des années soixante, la formation comprend Fernando Soucy au violon et à la direction musicale, René Alain à l’accordéon à pitons, Roger Gaboriau au piano, Fernand Plouffe à l’accordéon piano et Georges Laliberté à la batterie. Tout au long de l’histoire du groupe, le chanteur Oscar Morin et son frère Aldor, harmoniciste bien connu, bien que menant des carrières personnelles fructueuses, se joignent régulièrement à La famille Soucy et figurent sur plusieurs de leurs enregistrements. L’orchestre ainsi formé accompagne parfois d’autres chanteurs dont le fantaisiste Lucien Boyer.
À partir de 1958, certains enregistrements du groupe ou de son fondateur sont réactualisés grâce aux compilations de l’étiquette Gala, filiale consacrée à la réédition du catalogue RCA Victor sur 33 tours. En plus des succès déjà cités, de nouveaux se sont rajoutés entretemps: “C’est en r’venant de Rigaud" - 1953, “La vie d’un garçon" - 1955, “Ça dépend des créatures" - 1956. Ces titres paraissent maintenant à la fois sous formats 78 et 45 tours. Sans doute influencés par la présentation d’émissions sportives à la télévision, le répertoire s’enrichit également de chansons portant sur ce sujet: “Le club de hockey Canadien", “Hourra! pour le baseball", “La lutte", sans oublier “Le reel des lutteurs".
En 1961, c’est le début de leur propre émission télévisée hebdomadaire Chez Isidore où les musiciens exécutent certaines de leurs chansons et pièces musicales tout en offrant à de nombreux invités l’occasion de se faire valoir, que ce soit dans le répertoire folklorique, la chanson populaire, la gigue ou la comédie. C’est au moment où le groupe est au sommet de sa carrière, rejoignant des dizaines de milliers de spectateurs chaque semaine, que survient le décès du père fondateur, le 7 décembre 1963.
Le groupe continue de se produire en spectacle pendant la majeure partie des années soixante mais les nouveaux enregistrements se font plus rares à partir de 1964. À l’occasion de l’Exposition universelle de Montréal (Expo 67), un album est gravé, exceptionnellement sur étiquette Trans-Canada, comprenant des pot-pourris dansants et quelques pièces du terroir remaniées spécialement pour l’occasion: “Le reel de Montréal", “La chanson de Montréal 1967" et “À Montréal, beau port du maire"! La famille Soucy est d’ailleurs parmi les premiers artistes à être invités à se produire sur le terrain de Terre des Hommes.
En 1972, Fernando Soucy et Fernand Plouffe décident de produire eux-mêmes les enregistrements du groupe et créent la maison de disques Catalogne. Un premier album est lancé quelques mois plus tard “Un party ben l’fun avec Pôgne et la famille Soucy“. Devant le succès de cette première expérience, sept autres microsillons sont mis en marché au cours des trois années suivantes. En plus des disques du groupe, Catalogne édite ceux de Thérèse Rioux, René Alain et l’album solo de Fernando Soucy au violon “Les vrais reels, les vrais noms“. Malheureusement, les fidèles amateurs de musique québécoise traditionnelle n’auront pas d’autres occasions d’apprécier la virtuosité de celui qui était pour tous la voix de La famille Soucy puisque celui-ci devait quitter ce monde à l’été 1975, âgé d’à peine 48 ans.
L’orchestre ne survivra pas au décès de son directeur musical et ce sera, encore une fois, grâce à l’élan patrimonial suscité par un nouveau support discographique que l’on retrouvera la majeure partie des enregistrements Catalogne sur une nouvelle série en versions numérisées à l’automne 1999, après un silence de plus d’un quart de siècle.
Le groupe était constitué originellement de:
- Isidore Soucy: violon
- Fernando Soucy: piano, chant, violon
- René Alain: accordéon
- Eugène Soucy: voix
- Fernande Soucy: voix
- Thérèse Soucy: voix
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
- Oscar Morin: chant, gigue (à partir de 1954)
- Roger Gaboriau: piano (à partir de 1955)
- Fernand Plouffe: accordéon piano (à partir de 1955)
- Georges Laliberté: batterie (à partir de 1955)
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com