Ginette Reno
Ginette Reno
- Autrice et/ou compositrice
- Interprète
- Artiste québécoise
Ressources web
Biographie
Le premier album de cette interprète unique énonçait, un peu gauchement, au verso de la pochette de l’album “Ginette Reno“: «Personne ne demeure indifférent devant les réalisations de Ginette Reno et l’unanimité reconnaît qu’elle a le talent et les possibilités pour atteindre des sommets inespérés». Presque 50 ans plus tard, l’essentiel du propos est confirmé par l’accueil fait à ses deux plus récents CD “Fais-moi la tendresse“ et “La musique en moi“, réalisés (au sens réel du mot) par son fils Pascalin.
Pour un public de tous âges, cette artiste représente, outre la saveur de ses interprétations, une valeur refuge au milieu des tribulations du showbusiness! Depuis la débutante qu’elle était jusqu’à l’artiste emblématique qu’elle est devenue, en passant par l’idole des jeunes du début des années soixante, la vedette des grandes salles de Londres et de Las Vegas ou bien la femme d’affaires, Ginette reste avant tout la chanteuse comme l’affirmait le titre de son 33ième album (70ième si on tient compte des diverses compilations!), paru en 1997.
Après avoir participé à divers concours amateurs et quelques émissions enfantines à la fin des années cinquante, elle se rend au Café de l’Est où se déroulent les auditions pour Les Découvertes de Jean Simon. Ce dernier est impressionné par la voix et la détermination de l’adolescente et s’offre à la guider dans le monde du cabaret et du music-hall. Après quelques mois de rodage et de formation musicale, la voici qui enregistre ses premières chansons. “J’aime Guy", “Roger", “Bobby"... qui en font une des vedettes de la maison Apex, aux côtés de Pierre Lalonde, Donald Lautrec, Ginette Sage et Michel Louvain. C’est l’époque des chansons-à-prénoms et celles de Ginette trouvent facilement place au palmarès, si bien qu’un album complet est bientôt nécessaire pour combler les attentes de son nouveau public. Chaque apparition publique, chaque passage télévisé lui gagne de nouveaux fans.
Arrive l’irrésistible vague du yé-yé et Ginette y surfe allègrement: “Non papa", “Seize ans" deviennent de nouveaux repères pour les jeunes qui s’identifient à la génération dans le vent. Mais cette étape est pour elle de courte durée et, tranquillement, le répertoire de la chanteuse va en s’adoucissant. Déjà les reprises de “Entre nous, il est fou" et de “Tu mens mon amour" provoquent ce petit frisson des grands soirs. À la rentrée de la saison 64-65, elle crée une véritable commotion sur les palmarès avec une adaptation d’un succès italien “Ti Amo, Ti Voglio Amor" dont la version québécoise, “Tu vivras toujours dans mon coeur" signée par Lucien Brien, en fait la découverte féminine de l’année au prochain Gala des artistes. Elle se produit bientôt à la Place des Arts de Montréal et participe à la revue québécoise Vive le Québec... à l’Olympia de Paris en 1967. Elle retourne d’ailleurs à la salle du boulevard des Capucines à l’occasion d’un Musicorama l’année suivante.
L’année de l’Expo 67 amorce une période d’exploration pour Ginette Reno. Tout en continuant de s’illustrer dans le domaine de la ballade, elle se risque à de petites incursions dans les répertoires de Roger Miller “Au revoir / Trav’lin’ Man" et de Jefferson Airplane “Quelqu’un à aimer / Somebody To Love" par exemple, avant de revenir à un style plus crooner sur son premier enregistrement pour la maison de disques Grand Prix, dont elle est également co-propriétaire. “La dernière valse", puisée au répertoire de Engelbert Humperdinck s’avère la première d’une longue série de chansons destinées au public adulte qui sera dorénavant le sien. Elle est élue Miss Radio-Télévision par les lecteurs de l’hebdomadaire Télé-Radiomonde en 1968, en plus de rafler les trophées de Chanteuse populaire de l’année et d’Artiste ayant vendu le plus de disques au Québec. Elle répétera ce dernier exploit l’année suivante.
En 1969, elle se rend à Londres où elle enregistre un premier album de chansons en anglais, sur l’étiquette Parrot, qui produit alors les succès de Tom Jones et de Engelbert Humperdinck. Elle répète l’expérience en 1970 et en 1971. “Don’t Let Me Be Missunderstood" et “Crowded By Emptiness" sont les titres qui réussissent à retraverser l’Atlantique, rivalisant avec ses succès francophones “Mon coeur qui chante clair" et le duo “Le sable et la mer" chanté avec Jacques Boulanger. En 1971, elle coanime une série télévisée à la BBC avec Roger Whittaker. En 1972, elle remporte le premier prix au Festival international de chanson populaire de Tokyo où elle concoure pour l’Angleterre, avec “Can’t Let You Walk Out Of My Life". Pendant ce temps, ses succès au Québec continuent d’occuper les ondes: “Aimez-le si fort", “Et puis soudain", “L’amour est un carrousel"...
Cette double carrière se continue jusqu’en 1974. Elle rentre alors au Québec où elle est toujours une des artistes les plus populaires. Lors de sa participation aux célébrations de la Saint-Jean de 1975 sur le Mont Royal, au coeur de la métropole québécoise, son interprétation de la chanson “Un peu plus loin" de Jean-Pierre Ferland en éblouit plus d’un. Un quart de siècle plus tard, on en parle encore dans les chaumières! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle se mesure au répertoire de Ferland et ce ne sera pas la dernière: déjà en 1969, elle avait gravé “Je reviens chez nous"; en 1974, les deux artistes se donnaient la réplique sur la chanson “T’es mon amour, t’es ma maîtresse" et plus tard ils collaboreront à l’écriture de nouvelles pièces.
En 1977, la chanteuse met sur pied une nouvelle maison de disques qu’elle nomme Melon-Miel. Son nouvel album “Ce que j’ai de plus beau“ paraît d’abord en France et se démarque par le succès “La vie". Elle donne ensuite une série de spectacles à Las Vegas, lance un nouvel album anglophone sur l’étiquette Honey-Dew mais celui-ci ne connaît pas le succès escompté. À son retour au Québec, entre deux séries de concerts, elle grave l’album “Je ne suis qu’une chanson“ qui paraît en 1979 et deviendra sa plus grande réussite à ce jour. En plus de la chanson du même nom, le disque contient les succès “Toi le poète", “Ça va mieux" et deux de ses propres compositions, écrites avec la complicité de Michel Collet: “Tu es là" et “J’ai besoin d’un ami". À l’automne 1980, l’album, la pièce-titre signée Diane Juster et la chanteuse récoltent une profusion de Félix, le nouveau trophée remis par l’ADISQ qui en est alors à sa deuxième année d’existence.
Pendant ce temps, Ginette Reno s’adonne de plus en plus à l’écriture de ses chansons et elle connaît à nouveau les sommets en 1981 avec “Quand on se donne", écrite en collaboration avec Jean-Pierre Ferland. Suivent avec une belle régularité, tout au long des années quatre-vingt, “Un homme ça tient chaud", “Paris-Québec", “De plus en plus fragile". En parallèle avec sa carrière de chanteuse populaire, Ginette Reno montre de plus en plus d’aptitudes pour le jazz. Déjà on avait pu l’entendre dans un spectacle Spécial Gershwin présenté fin 1975, à la télé de Radio-Canada. Dix ans plus tard, sa participation au Festival de Jazz de Montréal en duo avec Michel Legrand est remarquée des festivaliers et gravée sur disque. Toujours aussi adulée, elle continue d’accumuler les trophées et autres marques de reconnaissance et d’affection, tout en se produisant sur les plus grandes scènes du Québec et en effectuant épisodiquement de petits détours du côté de la France. En 1988, l’album “Ne m’en veux pas“ apporte son nouveau lot de succès, notamment “Laisse pas tomber le vieux blues man", “La deuxième voix" et “Je suis la femme" toutes trois de Didier Barbelivien.
C’est en lionne que Ginette Reno attaque la décennie quatre-vingt-dix. Avec “L’Essentiel“, son premier album à paraître exclusivement sous format CD, elle expérimente un nouveau volet dans le processus de l’industrie musicale. Pour la première fois, elle distribue elle-même et en exclusivité sa nouvelle production. Cette tentative est toutefois de courte durée.
Dans un autre registre et quelques années auparavant, Janette Bertrand avait donné à Ginette sa première chance comme comédienne. Cette expérience l’amène à récidiver, en 1991, lorsque le jeune réalisateur Jean-Claude Lauzon lui propose un rôle dans le film Leolo. Un rôle difficile mais qui attire l’attention sur cette nouvelle facette de l’artiste et l’amène à participer à la télésérie Les jumelles Dionne / Million Dollars Babies, en 1995. Trois ans plus tard, elle est à nouveau en vedette dans la co-production française Une voix en or puis revient au cinéma dans le film de Denise Filiatrault C’est à ton tour Laura Cadieux, d’après un roman de Michel Tremblay.
Tout en s’adonnant à ses nouvelles activités, elle n’en néglige pas sa vocation première pour autant. Elle grave coup sur coup un album de reprises de ses standards francophones préférés “Versions Reno“ en 1995, un nouvel album de chansons inédites “La chanteuse“ en 1997 et “Love Is All“ comprenant quinze nouvelles chansons en langue anglaise, l’année suivante.
S’étant absentée de la scène sur d’assez longues périodes au cours de la décennie quatre-vingt-dix, elle décide de graver son spectacle sur un double album “Un peu plus haut - Live“ en 1999 et se paie le plaisir d’un nouvel album de chansons de Noël “Un grand Noël d’amour“ pour marquer l’an 2000. Il s’agit de son second en carrière, trente ans après “Noël avec Ginette Reno“ paru en 1970. Deux ans plus tard, elle fait de même pour le public anglophone avec “The First Noël“.
Pendant ce temps, sa carrière de comédienne se poursuit avec Laura Cadieux... la suite, puis Mambo Italiano et Le secret de ma mère, tournés respectivement en 1999, 2002 et 2006. À l’ère des compilations rétrospectives et de la réédition numérique, la chanteuse entreprend un gigantesque ouvrage de regroupement et, dans une certaine mesure, de relecture de son vaste répertoire. Ce n’est finalement qu’au printemps 2004 que les quatre coffrets intitulés “Mademoiselle Reno“, “Moi c’est Ginette“, “Les grands soirs“ et “Vocally Yours“ sont disponibles, regroupant près de 140 titres couvrant quatre décennies de carrière.
Bien qu’elle ait entrepris la rédaction d’une autobiographie, la comédienne et la chanteuse reprennent le pas sur l’écrivaine et on la revoit à l’écran aux côtés de Céline Bonnier, Clémence Desrochers et Marie-Chantal Perron dans le film de Ghyslaine Côté: Le secret de ma mère. Elle se concentre ensuite sur un nouveau projet d’album pour lequel elle travaille en étroite collaboration avec son fils Pascalin, projet qui s’étendra sur près de deux ans. Le 22 août 2008 est une date marquante pour l’artiste dont la participation s’avère l’ultime référence du spectacle Céline sur les Plaines, réunissant le gratin de la chanson populaire québécoise autour de Céline Dion, dans le cadre du 400e anniversaire de la ville de Québec.
C’est finalement en mars 2009 que paraît “Fais-moi la tendresse“. Outre la chanson titre, de Didier Barbelivien, interprétée en duo avec Marc Hervieux, Ginette y a recours à d’autres fidèles collaborateurs comme Michel Jourdan, Diane Juster et Gérard Layani tandis que son fils y écrit la musique de trois titres dont deux avec la parolière Martine Pratte et l’autre avec la chanteuse elle-même. Le disque très attendu est proclamé Or en seulement cinq jours.
Après avoir rempli des salles pendant plus d’un an, elle renouvelle l’expérience et livre “La musique en moi“ au printemps 2011. La plupart des collaborateurs sont au rendez-vous, auxquels s’ajoutent Louise Forestier, Isabelle De Castro et Éric Charden dont Ginette reprend un titre de 1970 “Perdu dans Montréal" en plus d’un de ses nouveaux textes.
Reno est une femme au talent multiple et immense. Sa vie est un roman qui sera sûrement mis à l’écran un jour. Ne se décrit-elle pas elle-même comme «...juive en affaires, italienne en amour et québécoise pour toute le reste!»
On peut visiter le site officiel de Ginette Reno.
© Richard Baillargeon, Roger T. Drolet, 2015, qim.com